Produire bio, une question de rentabilité pour les agriculteurs

Près d'une exploitation sur cinq produit du bio dans le canton. L'agriculture biologique permet ...
Produire bio, une question de rentabilité pour les agriculteurs

Près d'une exploitation sur cinq produit du bio dans le canton. L'agriculture biologique permet d'être rentable relativement rapidement, mais à certaines conditions 

Claude-André Rossé  (à gauche) travaille avec les méthodes de production conventionnelles, Noël Saucy (à droite) avec les méthodes bios Claude-André Rossé (à gauche) travaille avec les méthodes de production conventionnelles, Noël Saucy (à droite) avec les méthodes bios

Faire du bio permet de gagner plus, du moins pour certains agriculteurs. Dans le Jura, ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. Désormais près d'une ferme sur cinq est bio, un record romand annoncé par Bio suisse la semaine dernière. La vente de ces produits à des prix plus élevés que ceux provenant de l’agriculture conventionnelle peut permettre de maintenir ou même d’améliorer la rentabilité d’une exploitation. Mais les conditions de production et la période de conversion sont encore trop contraignantes pour les agriculteurs, selon le type de produits agricoles commercialisés et la taille de l'exploitation.


Les œufs bio, un bon créneau

Noël Saucy possède une cinquantaine d’hectares à Develier. Le producteur de lait, de céréales et d’œufs a franchi le pas de l’agriculture biologique en 2002. Son choix est devenu très vite rentable, se réjouit l’agriculteur: « En quelques années, on était dans une situation meilleure que l’ancienne. Sur le marché des œufs, on avait une plus-value de 20 centimes par œuf par rapport au marché conventionnel, avec un coût de 6 centimes en plus pour le fourrage. On dégageait donc une marge intéressante, même si les poussines étaient un peu plus chères ». 

Noël Saucy ne regrette pas de s'être orienté dans le bio, il y a 17 ans: 

2 ans de conversion

A l’époque, Noël Saucy a pu bénéficier de prix avantageux pendant sa période de conversion. Aujourd’hui, les agriculteurs sont tenus de produire aux conditions de l’agriculture biologique pendant cette période de deux ans, mais ils doivent commercialiser leurs produits au prix du conventionnel. Cette période entraîne donc des charges importantes. Avec en plus la saturation du marché du lait bio, Claude-André Rossé a choisi de rester dans l'agriculture traditionnelle. « C'est clair que si on convertit notre production de lait en bio, c'est fantastique au niveau du prix. Mais il faut rester conscient de la suite : on arrive à saturation et il ne faut pas produire plus que ce que veut le consommateur. A partir de 2020, il y aura des listes d'attente », explique l'agriculteur de Courcelon. Pour lui, la conversion augmenterait aussi les charges en terme de main-d'œuvre et d'heures de travail. 

Pour Claude-André Rossé, rester dans le conventionnel est la meilleure solution:

Le bio, mais aussi beaucoup de nuances 

Claude-André Rossé reste cependant ouvert aux techniques proposées par l'agriculture biologique. A la conversion, il préfère une adaptation de l'agriculture conventionnelle avec une diminution au maximum des fongicides et insecticides. Il n'utilise plus qu'un herbicide. Claude-André Rossé soulève qu'il n'y a pas seulement le bio et le reste, mais beaucoup de nuances : « Je pense que le monde paysan a toujours été très logique. L'agriculteur est souvent bien informé, à l'écoute des cultures, de son bétail et du consommateur. C'est pourquoi je suis le premier à jetter un oeil au bio, et à garder les techniques que j'estime intéressantes », relève le producteur de lait et de viande.


Pas tous dans le même panier

La rentabilité de l'agriculture biologique dépendrait donc du produit commercialisé. Contrairement au marché du lait qui commence à saturer, les céréales bio sont un créneau intéressant. Certains moulins proposent des prix plus élevés déjà pendant la période de conversion. Le marché des œufs bio a également de beaux jours devant lui. C’est actuellement le produit bio le plus consommé en Suisse. /lme


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