Le mythique groupe de hard rock AC/DC a enflammé un Letzigrund chauffé à blanc vendredi soir, devant quelque 50'000 fans conquis d'avance. Les billets de ce concert avaient été vendus en... six minutes!
Son monstrueux, jeux de lumière aveuglants, AC/DC a régalé ses fans durant deux heures pour un total de vingt morceaux, les mêmes que depuis le début de la tournée. Les principaux classiques du groupe actif depuis le milieu des années 1970 ont été joués, ainsi que trois extraits de 'Rock or Bust', son dernier album, paru fin 2014: le titre éponyme en ouverture, 'Play Ball' et 'Baptism by Fire', peut-être le titre le moins convaincant du lot.
Le 'show', réglé dans les moindres détails, comprenait évidemment les marques de fabrique habituelles des Boys. A savoir la cloche géante au début d'Hell's Bells', l'énorme poupée gonflable aux formes généreuses sur 'Whole Lotta Rosie' et, en guise de point final, les canons pour l'ultime chanson, 'For Those About To Rock'.
Petites pauses
Contrairement aux tournées précédentes, le groupe n'enchaîne plus les titres aussi vite. De petites pauses de vingt à trente secondes séparent la plupart des chansons. Mais cela n'enlève rien au plaisir du public. AC/DC a interprété deux morceaux qui n'avaient plus eu les honneurs du direct depuis longtemps: 'Sin City', joué pour la première fois depuis 2001, et surtout 'Have A Drink On Me', dont le dernier passage sur scène remontait à 1985.
A la guitare rythmique, Stevie Young a assuré en lieu et place de son oncle Malcolm Young, gravement malade. Atteint de démence, l'un des fondateurs du groupe est désormais incapable de jouer. A la batterie, Chris Slade a repris sans coup férir le poste de Phil Rudd, empêtré dans des ennuis judiciaires en Nouvelle-Zélande. Le Gallois n'arrivait certes pas en terre inconnue puisqu'il avait déjà été derrière les fûts de 1989 à 1994.
Fini le strip-tease
A 60 ans, Angus Young reste la star incontestée du groupe. Ce petit bonhomme (1m56) conserve une énergie folle. Le guitariste ne tient toujours pas en place, et son habileté à triturer les six cordes de sa Gibson SG noire demeure unique. Le petit lutin aux jambes de feu, mais au cheveu désormais rare, déclenche un enthousiasme communicatif qui atteint son paroxysme sur le fameux 'Let There Be Rock', un morceau qui s'étend sur un quart d'heure et durant lequel Angus électrise un public aux anges.
Seule modification notable, il ne s'adonne désormais plus à son traditionnel strip-tease, même s'il a quand même fini à torse nu vu la chaleur ambiante, abandonnant une chemise détrempée par des litres de sueur. Il avait auparavant tombé la veste puis enlevé la cravate de son costume d'écolier. Il se dit que son épouse néerlandaise Ellen – ils sont mariés depuis 1980 - est ravie que son homme ait renoncé à cet intermède grivois qui datait de toujours, ou presque.
Brian Johnson (67 ans) tient encore son rang au micro avec bravoure. Afin de ménager les cordes vocales de l'homme à la casquette, le groupe se ménage désormais toujours au moins un jour de repos entre deux prestations. Et Johnson prend visiblement toujours autant de plaisir à interpréter des hymnes qui rythment le parcours des adeptes d'AC/DC depuis quatre décennies. Il a paru bien plus en voix que lors d'un précédent concert auquel nous avons assisté à Hockenheim à mi-mai.
Pont entre générations
Fans de hard rock et de métal se trouvaient, bien entendu, en majorité, vêtus pour la plupart de T-shirts noirs à l'effigie de leurs idoles. On voyait cependant aussi monsieur et madame tout le monde, des jeunes comme des seniors. AC/DC est l'un des rares groupes de rock à faire ainsi le pont entre les générations.
Ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à cet événement seront peut-être là au même endroit dimanche. Un deuxième show se déroulera en effet dans le stade zurichois. Tous les billets ont trouvé preneur, en moins d'une heure. Le phénomène AC/DC est plus vivant que jamais.
/ATS