Jusqu'au 5 mai, le Musée de l'Elysée consacre une rétrospective à Martine Franck (1938-2012). Unique par son ampleur, elle rassemble à Lausanne près de 140 photographies, dont certaines inédites, en grande partie sélectionnées par la photographe de son vivant.
Figure essentielle de l'art photographique du 20e siècle, journaliste, reporter et portraitiste, Martine Franck vient à la photographie à travers une démarche personnelle liée en grande partie à ses voyages en Asie et en Europe.
L'Orient comme déclic
Après des études en histoire l'art et une déception amoureuse, la native d'Anvers (B), fille de grands collectionneurs d'art, part en 1963 pour un long périple en Orient où la future metteuse en scène Ariane Mnouchkine la rejoint. Elle s'achète un appareil de photo dont son amie lui explique le fonctionnement, a raconté mardi le commissaire de l'exposition Marc Donnadieu devant la presse.
Au retour, Martine Franck devient la photographe du Théâtre du soleil. Lorsqu'elle décide de se consacrer à la carrière de photo-reporter en 1964, le métier comprend encore peu de femmes. Elle collabore à de grands magazines américains, leur livrant des reportages et des portraits d’artistes.
Oeuvre personnelle
Membre de l’agence VU en 1970, cofondatrice de l’agence Viva en 1972, elle sera, à partir de 1983, la seule femme française membre de la coopérative Magnum, relève le commissaire. En 1970, elle épouse Henri Cartier-Bresson qui l'encourage dans sa propre voie.
Durant une cinquantaine d’années, indépendamment de tout courant esthétique, la photographe construit une œuvre personnelle principalement consacrée à la condition humaine à travers le monde.
Condition humaine
L'exposition propose un parcours chronologique qui mêle les différents reportages réalisés pendant sa vie, a souligné le commissaire. Enchaînant des séries au long cours, comme des oeuvres plus ponctuelles, l'artiste s’attache à des sujets peu abordés par ses confrères: le monde du travail, les femmes, la vieillesse, la solidarité et l'humanitaire.
Le visiteur suit le fil de son engagement au travers de paysages et de portraits. L'exposition s'achève sur ceux d'Agnès Varda, Hervé Guibert ou de son mari. Le visiteur peut également découvrir les derniers tirages de la photographe présentés en 2010 dans une galerie new-yorkaise.
Projet de l'artiste
Enfin, des documents d’archives, dont certains inédits, viennent enrichir l'exposition conçue par la Fondation Henri Cartier-Bresson. Ils illustrent les relations étroites entre Martine Franck et Lausanne, en particulier son exposition en 1979 à la galerie Portfolio dirigée par Jean-Pierre et Marlène Vorlet, ou ses liens d’amitié avec Monique Jacot et Jean Genoud.
Le projet a été réalisé par la Fondation Henri Cartier-Bresson en étroite collaboration avec Martine Franck jusqu'à son décès en 2012. Coproduit par le Musée de l'Elysée, il a été présenté l'automne dernier à l'occasion de la réouverture de la Fondation dans son nouveau bâtiment, dans le Marais, à Paris.
Inspiré du Râmâyana
Soucieux de soutenir la création contemporaine, le Musée de l’Elysée présente également une deuxième exposition, le projet A Myth of Two Souls de Vasantha Yogananthan. Né en 1985, le photographe autodidacte français appartient à une génération qui aime brouiller les lignes entre fiction et réalité.
Cette série est inspirée par le Râmâyana, œuvre fondamentale de la mythologie hindoue. L’essentiel des sept chapitres qui le composent sont pour la première fois exposés ensemble. L’artiste met au point des traitements esthétiques différents et explore ou revisite des techniques ancestrales.
/ATS