Documenta, prestigieux rendez-vous d'art contemporain qui se tient depuis 1955 en Allemagne, a ouvert ses portes samedi à Athènes. Il s'agit de sa première édition à l'étranger, qui se veut un moyen de réconciliation entre les deux pays.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a inauguré samedi cet événement avec son homologue grec Prokopis Pavlopoulos. Pour M. Steinmeier, c'est une façon de 'briser les barrières politiques et économiques qui nous divisent (...) pour nous permettre de comprendre le monde qui nous entoure'.
Les Allemands qui regarderont de plus près vont découvrir les épreuves qu'ont dû traverser les Grecs, a-t-il ajouté. Et les Grecs découvriront que les autres Européens ne sont pas 'froids et partiaux'. 'Nous pouvons apprendre les uns des autres (...) et nous devrions le faire plus souvent en Europe', a-t-il encore souligné.
'Mais ce n'est possible que si nous ne nous contentons pas de chercher uniquement à confirmer nos préjugés'. Et de poursuivre par une mise en garde: 'La connaissance doit être conquise encore et encore, pour ne pas être oubliée. La démocratie est menacée dans de nombreux endroits, même en Europe'.
Sous le signe de l'immigration
Cette 14e édition de la Documenta se tiendra dans la capitale grecque jusqu'à la mi-juin. L'exposition sera ensuite rapatriée dans la ville allemande de Cassel, où elle sera visible jusqu'au 17 septembre. Documenta, qui se déroule tous les cinq ans, avait attiré en 2012 un total de 860'000 visiteurs.
A Athènes, elle sera basée dans le nouveau musée national d'art contemporain, inauguré en octobre après des années de travaux, sous le thème 'Apprendre d'Athènes'. Mais les oeuvres et installations seront aussi réparties dans de nombreux lieux de la ville, y compris dans des quartiers défavorisés.
L'un des thèmes principaux est l'immigration. L'ouverture samedi comprend un concert de l'orchestre philharmonique des Syriens expatriés (SEPO), fondé en 2013 en Allemagne par le musicien d'Alep Raed Jazbeh. La majorité des membres ont fui leur pays en raison de la guerre. Plus d'un million de réfugiés et migrants sont arrivés en Grèce depuis 2015, et plus de 50'000 sont encore dans des camps dans le pays.
A cheval sur la route des réfugiés
Dimanche, des cavaliers défileront au pied de l'Acropole, imitant les processions de l'Athènes antique en l'honneur de la déesse Athena. Ils parcourront ensuite à cheval, en cent jours, les 3000 km jusqu'à Cassel, via la route des Balkans empruntée par le flux des réfugiés vers l'Allemagne en 2015.
Parmi les points forts de l'exposition figurera également le 'Parthénon des livres'. Cette réplique du temple a été construite avec 100'000 livres venus du monde entier, interdits par le passé, et pour certains encore aujourd'hui.
/ATS