Pas question d'introduire un contrôle systématique des frontières ni d'engager l'armée pour aider les gardes-frontières. Jugeant la mesure inadéquate et inapplicable, le Conseil des Etats a balayé une motion UDC dans le cadre d'un débat extraordinaire.
La discussion dans le cadre d'une session extraordinaire demandée par l'UDC a surtout mobilisé ses membres. Le texte a finalement été balayé par par 37 voix contre 6.
Avec sa motion, Alex Kuprecht (UDC/SZ) voulait envoyer l'armée comme appui pour les gardes-frontières et ainsi garantir la sécurité des frontières en procédant à des contrôles systématiques. Le but était d'empêcher l'entrée illégale des migrants en Suisse.
Mesure inapplicable
Le système Dublin a échoué et la Suisse doit réagir. Pour décharger 'des gardes-frontières surmenés', l'armée doit être engagée, selon le motionnaire. L'Union européenne n'aura jamais l'argent nécessaire pour surveiller correctement ses frontières. La Suisse doit s'occuper seule des siennes, a renchéri l'indépendant schaffhousois Thomas Minder, qui a déposé une interpellation en ce sens.
'Comment contrôler systématiquement les 60'000 personnes qui franchissent quotidiennement la frontière à Bâle? Sans compter les 750'000 personnes qui traversent quotidiennement la frontière en Suisse', a questionné Claude Janiak (PS/BS).
Tout vérifier est impossible: même avant Schengen, seuls 3% des personnes étaient contrôlées, a répliqué la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Ce n'est pas grave: il faut agir, selon Peter Föhn (UDC/SZ), qui se 'sent en insécurité'.
Mélange des thèmes
L'armée doit empêcher les migrants de venir en Suisse. Car tous les accueillir va conduire à une explosion des coûts, augmentant la charge fiscale des citoyens, a ajouté Alex Kuprecht. Pourtant, la Suisse n'est pas démunie: 'Contrairement aux autres pays européens, nous avons des gardes-frontières qui continuent de surveiller qui entre et sort', a remarqué Werner Luginbühl (PBD/BE).
La situation en Suisse n'a absolument rien de comparable avec celle qu'ont vécue l'Autriche et l'Allemagne au plus fort de la crise migratoire et qui les avait poussés à réintroduire les contrôles d'identité aux frontières, a contré Stefan Engler (PDC/GR), s'irritant qu''on mélange tout dans ce débat'.
Terroriste où es-tu?
Une remarque qui n'a pas fait sourciller Thomas Minder. Après les attentats qui ont secoué la France, la Suisse doit renforcer sa sécurité : 'Qu'attendons-nous encore après les attentats de Charlie Hebdo et de Paris pour mieux nous protéger?', a lancé l'indépedant schaffhousois.
Les terroristes ne viennent pas que de l'extérieur, comme l'ont justement montré les attentats de Paris, a répondu la ministre de justice et police. Contrôler les frontières n'assure donc pas plus de sécurité.
Et c'est justement en faisant partie de Schengen que la Suisse a les meilleures chances de contrôler les migrants, et de surveiller ceux qui peuvent être dangereux grâce à la coopération avec les polices européennes, a répondu Claude Janiak.
Le contrôle des frontières passe par l'Union européenne, a précisé Simonetta Sommaruga. La Suisse soutient deux mesures qui devraient améliorer la situation. L'enregistrement des arrivants devrait être optimisé grâce à la construction de centres d'accueil en Grèce ou en Italie. Les réfugiés devraient ensuite être mieux répartis entre les pays de l'UE.
/ATS