L'armée pourrait avoir des aumôniers musulmans. Mais cela ne devrait pas intervenir de sitôt. Selon le Conseil fédéral, les conditions ne sont pas remplies actuellement.
La liberté de croyance et de conscience est un droit dont jouit tout militaire. Chacun a droit à une assistance spirituelle, indépendamment de sa foi. Cette assistance fait partie des tâches de l'aumônerie militaire, fondée sur le principe de l'oecuménisme, souligne le Conseil fédéral dans sa réponse publiée jeudi à des interpellations de Beat Arnold (UDC/UR) et Lorenzo Quadri (Lega/TI).
Face à leurs craintes de voir des imams sous les drapeaux, le Conseil fédéral tient à souligner que les militaires de religion musulmane ne posent pas davantage de problème de comportement que ceux d'autres confessions. Leur nombre a augmenté au cours de ces dernières années. Le gouvernement salue les discussions actuelles portant sur la manière de gérer cette évolution à l'avenir.
Conditions à remplir
Si elle ne peut pas recruter de spécialistes musulmans, l'aumônerie militaire risque à terme de ne plus pouvoir remplir sa mission de manière satisfaisante pour l'ensemble des personnes incorporées. Les conditions permettant de recruter un imam en tant qu'aumônier de l'armée au grade de capitaine ne sont toutefois pas réunies à l'heure actuelle.
Pour pouvoir être nommé au grade de capitaine dans l'aumônerie de l'armée, il faut impérativement avoir suivi, en Suisse ou dans l'un des pays voisins, une formation théologique reconnue, de préférence dans une université. Il faut aussi faire preuve d'une indéniable loyauté vis-à-vis de la Suisse et de ses institutions, être disposé à s'intégrer dans les structures de l'armée et prodiguer une assistance spirituelle à tous les militaires, quelle que soit sa confession.
Un imam qui remplira ces conditions ne présente guère le risque d'amener des membres de l'armée à se radicaliser, souligne le Conseil fédéral. Et de noter que l'armée n'est pas un terrain de recrutement facile pour les extrémistes violents.
Les conditions à remplir pour accomplir un service en tant qu'imam aumônier constituent une barrière pour d'éventuels recruteurs. Et les chances de démasquer les extrémistes sont plus grandes dans un environnement militaire qui offre moins de possibilités d'agir sous couvert.
/ATS