Durant l'été caniculaire de 2015, 804 décès excédentaires ont été recensés en Suisse. Malgré des mesures cantonales, le taux de surmortalité a peu baissé depuis la vague de chaleur en 2003, selon une étude qui se penche sur les décès liés à la canicule de 2015.
Le taux de surmortalité entre juin et août de l'an dernier se montait à 5,4%, contre 6,9% en 2003 (975 décès excédentaires). Cette part n'a donc que faiblement baissé en douze ans, note une étude récemment publiée dans Swiss Medical Weekly et dont Le Temps fait écho dans son édition de jeudi.
Il s'agit de la première étude qui analyse la mortalité liée à la chaleur durant l'été 2015. Elle a été réalisée par une équipe de chercheurs de l'Institut tropical et de santé publique suisse et de l'Université de Bâle.
Le fait que la surmortalité en Suisse n'ait pas significativement baissé entre la canicule de 2003 et celle de 2015 contraste avec des études menées dans d'autres pays européens, soulignent les chercheurs bâlois.
Grâce à des mesures de prévention, la France et l'Angleterre ont obtenu de bien meilleurs résultats que la Suisse lors de vagues de chaleur postérieures à 2003, constatent-ils. Dans l'Hexagone, la canicule de 2006 a engendré une surmortalité de 9%, contre 55% trois ans plus tôt.
Démographie et prévention
Comment expliquer le mauvais score de la Suisse? La population a augmenté de près d'un million durant cette période, dont une part de personnes âgées plus élevée, relève l'étude. Cette tranche de la population est particulièrement vulnérable aux fortes chaleurs: 77% des décès survenus durant l'été 2015 concernaient les 75 ans et plus.
Autre explication: la Suisse ne possède pas d'action nationale de prévention. Seuls le Tessin et la région lémanique ont mis en place des plans anti-canicule. Tous deux ont été plus durement touchés par la chaleur.
C'est au Tessin que la surmortalité a été la plus élevée entre juin et août 2015, suivie de la Suisse du nord-ouest et du Plateau. Si l'on prend en compte uniquement le mois de juillet, où il a fait le plus chaud, la surmortalité grimpe à 12,5% au bord du Léman et à près de 33% au Tessin.
Les chercheurs concluent qu'au vu du taux de surmortalité comparable entre 2003 et 2015, les campagnes de prévention contre la canicule n'ont pas porté leurs fruits. Ils estiment qu'il faudrait mettre en oeuvre des actions plus efficaces, à échelle régionale et nationale, et cibler plus spécifiquement les populations vulnérables.
Près de 40°C à Genève
Entre juin et août de l'an dernier, le thermomètre affichait en moyenne 2,4 degrés au-dessus de la moyenne. C'est à Genève que le record a été atteint avec 39,7°C. Le Tessin a enregistré 27 jours où la température ressentie était supérieure à 32°C. La région du Léman a elle connu 21 jours où la température maximale en journée excédait 32°C.
/ATS