La Suisse doit réintégrer pleinement le programme européen d'échange d'étudiants Erasmus+ en 2021. Après le Conseil des Etats, le National a chargé le Conseil fédéral de reprendre rapidement les négociations avec l'UE. Pour 2018-2020, les crédits ont été adoptés.
'La solution transitoire que la Suisse applique depuis 2014 ne doit pas devenir définitive', a plaidé lundi Mathias Reynard (PS/VS) au nom de la commission de la science et de l'éducation. Elle présente de nombreux désavantages pour la mobilité des étudiants et dans le domaine de la formation professionnelle. Elle prive aussi la Suisse d'influence sur le programme, a-t-il poursuivi.
Le message a été entendu par le National qui a adopté la motion par 109 voix contre 80. L'UDC jugeait au contraire dommageable d'envoyer le Conseil fédéral 'négocier à l'aveugle, sans savoir combien ça coûtera et sans connaître les contenus des programmes', a soutenu Marcel Dettling (UDC/SZ).
Le chef du Département fédéral de la formation Johann Schneider-Ammann a quant à lui souligné que les négociations ne pourraient pas être entamées avant 2020. Il a appelé à la patience. 'Nous savons cependant aujourd'hui avec certitude que l'UE a déjà défini les règles du jeu: c'est la quote-part du PIB qui sera appliquée, ce qui signifie que les moyens pour Erasmus+ seront plus importants que ceux pour la période actuelle.'
La droite échoue à réduire le crédit
Dans l'immédiat, la Suisse poursuivra avec la solution transitoire mise en place en février 2014 après la suspension des négociations sur la participation de la Suisse à Erasmus+. La Chambre du peuple a accepté par 126 voix contre 65 le crédit d'ensemble de 114,5 millions de francs pour les années 2018 à 2020.
Dans le détail, 93,8 millions vont aux activités internationales de mobilité et de coopération, 11,1 millions sont prévus pour la nouvelle agence nationale pour la promotion des échanges Movetia, exploitée par la Confédération et les cantons, et 9,6 millions pour des mesures d'accompagnement.
La commission des finances avait proposé de raboter de près de 10 millions le crédit pour les activités d’échange. Une grosse minorité de cette commission voulait aussi biffer les 11 millions pour Movetia, estimant qu'il y avait des alternatives plus économiques pour la financer.
Mais ces velléités d'économies de l'UDC n'ont pas passé la rampe. La première proposition a été rejetée par 117 voix contre 73 et la seconde par 112 contre 79. 'Les réflexions purement budgétaires sont dangereuses; les fonds versés aux échanges sont au contraire des investissements qui portent des fruits', a souligné Mathias Reynard.
Réintégration dès 2018: impossible
Fin août, 26 organisations de jeunesse avaient remis à la Chancellerie fédérale une pétition munie de près de 10'000 signatures réclamant la reprise immédiate des négociations. Elles souhaitaient aussi que la Suisse réintègre le programme de mobilité étudiante dès 2018. Compte tenu des décisions prises lundi, la pétition a été classée.
La situation actuelle résulte de la votation du 9 février 2014 sur l'immigration de masse. L'UE avait suspendu la participation suisse à Horizon 2020, au programme d'échange d'étudiants Erasmus+ et au programme culturel MEDIA. Entretemps, le Conseil fédéral a obtenu le retour des chercheurs dans Horizon 2020. En revanche, Erasmus+ a buté sur les questions de financement.
/ATS