Au cours de l’été 2016, une lave torrentielle transportant d’énormes blocs a détruit la balance de recherche installée sur l’Illgraben près de Loèche (VS). Cette installation de mesure exploitée par l’Institut WSL a été reconstruite plus belle qu'avant.
Comme sa devancière, la nouvelle balance à laves torrentielles est constituée d’une plaque montée sur un châssis en acier, et de six cellules dynamométriques. Elle est installée sur un seuil en béton dans le torrent, de manière à ce qu’une lave torrentielle - mélange de boue et de rochers à écoulement rapide - passe entièrement sur le dispositif de mesure sans pouvoir le contourner latéralement.
Ses mesures permettent d’évaluer en détail l’écoulement et d’enregistrer le poids des plus gros blocs de rocher. La nouvelle installation développée par les chercheurs de l’Institut fédéral de recherches WSL et du WSL Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF poursuivra la série de mesures unique en son genre effectuée pendant treize ans par la précédente, mais avec une qualité des données nettement supérieure.
L'ancienne balance était la première du genre au monde lors de sa construction en 2003. Elle a fourni des données complètes sur les forces dynamiques d'un total de 50 événements dans l'Illgraben. Elle a été détruite le 22 juillet 2016 par une lave torrentielle, a indiqué lundi le WSL dans un communiqué.
Cet évènement n’était pas exceptionnel en termes de volume global et de vitesse d’écoulement, mais il avait ceci de particulier qu'à son front se trouvaient trois très grands blocs de plus de 30 m3, qui ont arraché la balance de ses ancrages et l’ont emportée vers l’aval. La plaque, d’un poids de trois tonnes, a été localisée plus tard en période d’étiage à une distance de quelques centaines de mètres dans le lit du Rhône.
La plus grande au monde
Lors de la rénovation qui vient de s'achever, les chercheurs ont optimisé l'équipement technique. Le cœur de la nouvelle balance insérée dans le béton est une plaque d’acier de 8 m2, sous laquelle les six cellules dynamométriques sont placées pour mesurer les forces verticales et horizontales d’une lave torrentielle avec une haute résolution temporelle.
En outre, des radars et des lasers, des accéléromètres placés sur la balance et des caméras vidéo livrent des données sur le débit, la teneur en eau, la densité et la vitesse d’écoulement de la lave torrentielle. Ceci permet de tirer des conclusions sur sa granulométrie et sa composition.
Le 10 juin dernier, la nouvelle balance, la plus grande du monde - des installations similaires existent à des fins de recherche en Amérique du Nord et au Japon-, a eu l'occasion de faire ses preuves. Pour la première lave torrentielle importante de l’année, l'instrumentation et la caméra vidéo automatique ont livré les mesures attendues.
L'événement a été d'une ampleur relativement faible et a vraisemblablement transporté vers la vallée environ 5000 m3 de matériaux rocheux issus du bassin versant de l’Illgraben. Une partie de ceux-ci ont atteint le Rhône.
L’Illgraben est l’un des cours d'eau à laves torrentielles les plus actifs des Alpes. On y observe en moyenne entre mai et octobre trois à cinq événements de ce type par an. La plus grosse lave torrentielle des temps modernes connue s’est produite en 1961, avec un volume de quelques centaines de milliers de mètres cubes.
/ATS