La pollution lumineuse pourrait doubler en Suisse

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La pollution lumineuse pourrait doubler en Suisse

La pollution lumineuse pourrait doubler en Suisse

Photo: Keystone

Si tous les éclairages extérieurs étaient équipés de LED blanches neutres, la pollution lumineuse pourrait doubler en Suisse comparé à 2015, avertit Dark Sky Switzerland. L'association, qui s'engage pour réduire la pollution lumineuse, lance un appel aux autorités.

Avec le passage complet aux diodes électroluminescentes (LED) blanches neutres, de grandes zones de la Suisse seraient encore plus illuminées par la lumière artificielle la nuit, s'inquiète jeudi Dark Sky Switzerland (DSS) dans un communiqué.

L'association se base sur les cartes de 'l'Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne' paru en juin. L'équipe internationale de chercheurs qui a oeuvré à sa publication relève que plus de 80% de la population mondiale vit sous un ciel plus ou moins pollué par la lumière. Ce taux grimpe même à 99% aux Etats-Unis et en Europe.

Plus d'un tiers de la population mondiale ne peut pas observer la Voie lactée depuis son lieu d'habitation à cause de sources de lumière, un chiffre qui monte à 60% en Europe. En Suisse, les émissions de lumières ont augmenté de 70% depuis les années 1990. D'après l'Office fédéral de l'environnement, environ un cinquième du pays se trouve dans l'obscurité la nuit.

Lumière bleue

'Tout éclairage artificiel est déjà de la pollution lumineuse', relève Stefano Klett, vice-président de DSS, contacté par l'ats. Mais l'utilisation de LED blanches neutres renforce encore le phénomène.

Celles-ci sont corrélées à une température de couleur de 4000 kelvins. Elles produisent à la source une lumière dite 'bleue', qui se disperse fortement dans l'atmosphère. Une couleur lumineuse plus chaude (nuance jaune) se situera au-dessous de 3000 kelvins et se diffusera moins.

En Suisse, l'éclaircissement minimal de la luminosité naturelle augmenterait de 8% actuellement à 32% dans les Alpes avec un passage complet aux LED blanches neutres.

Dans les centres urbains les plus illuminés, l'éclaircissement de l'atmosphère au zénith passerait d'au moins 1020% aujourd'hui à 2050%. Un doublement par rapport à la luminosité naturelle du ciel était jusque-là attendu dans un rayon d'environ 25 kilomètres autour de villes comme Lausanne ou Zurich; il pourrait atteindre 50 kilomètres.

Plusieurs impacts

Les effets négatifs de la pollution lumineuse sont multiples. Dans la nature, les plantes utilisent par exemple l'alternance du jour et de la nuit pour la photosynthèse. Les animaux nocturnes ont, eux, appris à s'orienter dans l'obscurité, soulignent les chercheurs de l'Atlas.

La lumière du jour, bleue et plus éblouissante, fait que nous restons éveillés, note pour sa part DSS. Avec comme conséquences possibles des troubles du sommeil, des changements du rythme cardiaque ou une production réduite de mélatonine, l'hormone dite 'du sommeil'.

Appel aux autorités

'Consternée' par les observations effectuées, l'association lance un appel aux autorités politiques suisses. 'Il faut essayer de descendre au moins à une température de couleur de 3000 kelvins pour les LED. Il est important de prendre en compte la couleur, et pas seulement l'efficience lumineuse', souligne Stefano Klett.

Une couleur lumineuse plus chaude et diffuse éblouit moins, mais favorise également le sommeil et attire moins les animaux nocturnes, argue l'association, qui sensibilise le public aux problématiques liées à l'éclairage artificiel.

Son vice-président évoque également la possibilité d'utiliser des systèmes d'éclairage automatiques permettant d'augmenter ou baisser l'intensité lumineuse quand il y a du trafic. 'Est-ce que cela vaut vraiment la peine de laisser la lumière allumée quand personne ne passe?', interroge-t-il.

Dirigée par le physicien italien Fabio Falchi, la dernière édition de 'l'Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne' a été publiée en juin dernier dans le magazine scientifique 'Science Advances'.

Les chercheurs ont reconstruit la luminosité extérieure présente en 2015 à partir de données issues des satellites puis simulé sa diffusion dans l'atmosphère. Les résultats obtenus sont un nouveau tirage du premier Atlas paru en 2001.

/ATS


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