Les institutions de prévoyance ont été heurtées de plein fouet par la crise liée au coronavirus. Plus de 10% d'entre elles étaient à découvert fin avril 2020.
Au total, 164 des 1342 institutions de prévoyance évaluées étaient à découvert fin avril, a indiqué mardi Catherine Pietrini, vice-présidente de la commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle, devant la presse à Berne. Cela représente environ un quart du capital de prévoyance.
La plupart de ces découverts ont été déclenchés par les fortes baisses sur les marchés financiers en raison de la crise de coronavirus, a précisé Vera Kupper Staub, présidente de la commission, qui se montre toutefois positive. 'Aucune mesure d'assainissement ne sera nécessaire, à moins que la crise ne se poursuive.'
Les institutions avaient généralement une bonne situation des taux de couverture avant la crise. Fin 2019, ils se situaient à 111,6% pour les institutions de prévoyance sans garantie étatique et sans solution d’assurance complète, et à 79,8 % pour les institutions de prévoyance de droit public avec garantie étatique. Ils sont passés à 105,6%, respectivement 75,5%, fin avril.
S’il est possible de contenir les retombées économiques négatives de la pandémie de coronavirus, la plupart d'entre elles devraient être en mesure à moyen terme d’en supporter les effets sur leur stabilité financière ou du moins d’en atténuer l’impact négatif, a souligné la présidente de la commission.
Taux de conversion trop élevé
La pandémie de coronavirus exacerbe cependant le problème des taux de conversion trop élevés, a soulevé Vera Kupper Staub. Elle rend d'autant plus urgente la nécessité d’adapter les paramètres techniques fixés par la loi, notamment le taux de conversion minimal de la prévoyance professionnelle obligatoire (LPP).
Dans le régime surobligatoire, le taux a été continuellement abaissé. Il est passé de 6,29% en 2014 à 5,69% fin 2019. Le taux LPP est quant à lui resté inchangé à 6,8% sur la même période. 'Il est clairement trop élevé au regard de la faiblesse des taux d'intérêt et de l'augmentation de l'espérance de vie', a commenté Catherine Pietrini. Et Vera Kupper Staub d'abonder: 'Il ne faut pas laisser ce problème s'éterniser. Le blocage des réformes doit enfin être levé.'
Les caisses s'exposent à des risques de financement et une redistribution problématique. D'autant plus que les réserves de fluctuation de valeur n’ont pas pu être entièrement constituées et n’atteignent actuellement que 65% de leur valeur cible.
L’une des raisons principales de cette situation est que des sommes importantes ont été utilisées ces dernières années pour compléter le financement des rentes en cours. Pour 2019, la redistribution a augmenté, passant de 5,1 milliards à 7,2 milliards. Cela a également entraîné une hausse des pertes sur les retraites.
Intérêts négatifs problématiques
Les fondations de libre passage sont également menacées dans leur survie par la crise de coronavirus, a rapporté le directeur du secrétariat de la commission Manfred Hüsler. Le chômage repartira à la hausse et ces institutions recevront davantage d'avoirs de libre passage, selon lui.
Or, toute rémunération négative de ces comptes est par principe interdite. Une situation particulièrement problématique lorsque les intérêts sont négatifs. Manfred Hüsler a ainsi mis en garde contre de possibles liquidations et leurs conséquences pour les assurés.
A ses yeux, seules deux possibilités existent. Soit les fondations de libre passage ne paient plus d'intérêts négatifs, soit elles reportent leurs coûts sur les assurés.
/ATS