Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) va supprimer environ 1500 emplois dans le monde dans les douze prochains mois. Au moins 20 de ses 350 sites seront fermés et plusieurs programmes le seront aussi ou seront réduits, a dit l'organisation mardi à Genève.
Depuis plusieurs semaines, le CICR ne cachait pas ses difficultés de liquidités et s'attendait à manquer de centaines de millions de francs par rapport à l'appel de 2,8 milliards de francs lancé pour cette année. Jeudi dernier, l'Assemblée, organe suprême constitué seulement de représentants suisses, a accepté des coupes de 430 millions de francs pour cette année et le début de l'année prochaine, a révélé l'institution dans une déclaration publiée sur son site Internet.
L'organisation promet de limiter autant que possible les licenciements. Un gel des recrutements et les départs naturels doit avant tout absorber la réduction du dispositif. Le budget opérationnel a lui été ramené à deux milliards de francs.
Parmi les incertitudes, le calendrier précis et les indications de quels bureaux ou dispositifs seront affectés doivent encore être établis. Mais certains sites du CICR qui seront fermés seront repris sous la responsabilité de collaborateurs qui peuvent couvrir la région où ils se trouvent.
Les précisions seront données d'abord au personnel, aux communautés que l'organisation aide et aux donateurs. De même, une évaluation sera menée dans les prochaines semaines pour anticiper les effets sur les populations assistées. Elle sera reflétée dans le nouveau plan opérationnel, attendu pour juin prochain.
Important déficit
L'appel financier pour cette année était en hausse de 0,3%. Pour expliquer ses difficultés, le CICR dit avoir démarré l'année avec un déficit de près de 150 millions de francs, alimenté par des dons en fin d'année inférieurs à ce qui était attendu et par les effets de l'inflation. La guerre en Ukraine a aussi fait augmenter les coûts.
Le CICR met notamment en avant les problèmes auxquels sont confrontées toutes les organisations humanitaires pour lever des fonds suffisants par rapport aux besoins. Mais il n'est pas inhabituel que l'appel lancé en début d'année ne soit entièrement financé dans les premiers mois qui suivent.
Le Comité a également absorbé des coûts supplémentaires de 160 millions de francs qui étaient prévus pour cette année. Il va désormais se recentrer sur ses activités fondamentales, en première ligne dans l'assistance aux populations affectées par les conflits et pour la défense du droit international humanitaire (DIH).
Critiques du personnel
Pour la première fois, alors que l'organisation vient de fêter ses 160 ans, ses dix interventions principales ne sont pas suffisamment financées. Outre l'Ukraine, elles portent sur cinq pays africains, l'Afghanistan, le Yémen, l'Irak ou encore la Syrie.
Malgré le climat actuel qui affecte de nombreuses entités, certains estiment que l'organisation a grandi trop rapidement depuis plusieurs années, augmentant ses ressources de plusieurs milliers de collaborateurs pour dépasser les 20'000. Mais les dirigeants actuels ne sont pas non plus épargnés.
Dans une lettre, près de 2500 collaborateurs avaient récemment ciblé la 'brutalité' des annonces sur les difficultés financières, leur reprochant une anticipation lacunaire. Ils demandent une évaluation externe internationale face à la situation de l'organisation.
Soutien de la Suisse
De son côté, la Suisse réaffirme son soutien au CICR. Troisième plus grand donateur de l'organisation, elle a promis cette année, comme l'année dernière, plus de 160 millions de francs, dont la moitié pour le siège de Genève. 'La Suisse suit avec attention les efforts du CICR pour faire face aux difficultés budgétaires', a affirmé à Keystone-ATS une porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Genève.
En revanche, elle ne fait pas de commentaires sur l'impact pour le siège de Genève, tant que des décisions plus précises ne seront pas annoncées par l'institution. 'Cette situation est regrettable' pour l'organisation, insiste également la porte-parole. 'Mais encore plus pour les milliers de personnes affectées par des conflits et autres situations de violence dans le monde qui risquent de ne pas bénéficier de l'aide dont elles ont besoin', affirme-t-elle encore.
/ATS