L'Italie lançait en 2017 le Groupe de contact pour la Méditerranée centrale (GCMC) pour trouver des solutions à la crise migratoire avec les pays en première ligne. A l'issue d'une troisième rencontre, à Berne en novembre, l'initiative a disparu du champ politique.
Il avait été décidé d'une quatrième rencontre au Niger et les participants de celle de Berne espéraient qu'elle ait lieu en début d'année. Mais, à l'heure actuelle, aucune date n'a été fixée, souligne mercredi le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), contacté par Keystone-ATS.
Ces rencontres ont été organisées à l'initiative de l'ex-ministre de l'Intérieur italien Marco Minniti. C'est par conséquent à l'Italie d'organiser la suite du processus, selon le SEM. La Suisse souhaite toutefois 'poursuivre son engagement dans ce processus (...) car il il permet un dialogue ouvert entre ministres en charge des questions migratoires des deux côtés de la Méditerranée.'
'Chapitre noir de l'Histoire européenne'
En novembre à Berne, l'accent avait été mis sur un renforcement de la protection des migrants. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga avait alors plaidé pour que notre époque 'ne devienne pas un chapitre noir de l'Histoire européenne.'
Une action humanitaire d'urgence avait été décidée pour évacuer des réfugiés des centres de détention en Libye où ils étaient détenus dans des conditions inhumaines. La Suisse avait accepté d'en accueillir 80. Début avril, 40 réfugiés sont arrivés en Suisse et un deuxième groupe doit arriver en été, explique le SEM.
Changements politiques
Les changements politiques en Italie risquent toutefois de retarder l'organisation d'une nouvelle rencontre du GCMC. Le nouveau ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a pris une position plus frontale vis-à-vis de la crise migratoire. Il a interdit les navires d'ONG, qui secourent les migrants en Méditerranée, d'accès aux côtes italiennes et a entamé un rapprochement avec la Libye.
Son projet est d'installer des centres pour les migrants à la frontière externe sud de la Libye. Une proposition qu'il va soumettre lors du sommet de l'UE ce jeudi à Bruxelles.
Renforcement des frontières
Un consensus semble se former au sein de l'UE sur le renforcement des frontières extérieures. Les divisions persistent toutefois sur la responsabilité des Etats membres dans la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, comme de ceux qui s'y trouvent déjà.
L'Italie pourrait toutefois bénéficier de relancer le GCMC, dans lequel figure notamment le Niger et le Mali, tout deux à la frontière sud de la Libye. Mais cela dépendra de la volonté du ministre de l'Intérieur de relancer ce processus multilatéral.
Si le GCMC est aujourd'hui à l'arrêt, la Suisse continue de tenir ses engagements pris dans ce cadre. Elle met notamment en oeuvre des projets de retour volontaire et de réintégration des migrants dans leur pays d'origine, souligne le SEM. Elle s'est également engagée à renforcer les capacités pour le sauvetage en mer des gardes-côtes libyens, tunisiens, algériens et égyptiens.
/ATS