Dans le cadre de la procédure pénale contre l'ancien président de la FIFA Sepp Blatter, le Ministère public de la Confédération (MPC) a fait procéder à une perquisition à Paris des bureaux de la Fédération française de football (FFF). Des documents ont été saisis.
Ces documents sont en lien avec le paiement suspect de 2 millions de francs au président de l'UEFA Michel Platini qui fait entre autres l’objet de la procédure, a indiqué mercredi le MPC. Cette perquisition découle d'une demande d’entraide déposée le 14 janvier par le MPC. Elle a été effectuée par le Parquet national financier français (PNF) avec l'assentiment de la FFF à laquelle le MPC a assisté.
'Le Ministère public de la Confédération suisse a requis l'entraide des autorités judiciaires françaises dans le cadre de la procédure pénale ouverte contre M. Joseph S. Blatter portant sur le paiement suspect de 2 millions de francs suisses en faveur de Michel Platini', a précisé mercredi le PNF. 'Cette perquisition (...) a permis de saisir des documents utiles à l'enquête', a-t-il encore dit, sans toutefois détailler la nature de ces documents.
Joseph Blatter a déclaré mercredi à l'AFP être 'très surpris' par l'annonce de la perquisition menée au siège de la FFF. Il a expliqué que 'les 2 millions de francs que la FIFA a versés à Michel Platini dans le cadre d'un contrat oral qui existait entre M. Platini et moi n'ont été versés ni à la FFF ni à l'UEFA, mais sur un compte privé de Michel Platini dans une banque suisse'.
Dans le camp de Michel Platini, ses avocats se sont félicités mercredi de la 'nouvelle étape' constituée par la perquisition. '(...) Le plus tôt la justice suisse aura achevé son instruction, le plus tôt Michel Platini sortira de la rubrique des faits divers dans laquelle il n'a pas sa place', ont-ils commenté dans un communiqué.
Gestion déloyale
Une procédure pénale a été ouverte le 24 septembre 2015 contre l’ancien président de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), Sepp Blatter, pour soupçon de gestion déloyale et, subsidiairement, abus de confiance. Dans son communiqué, le MPC a souligné que Joseph Blatter est, comme tout prévenu, présumé innocent.
Quant à Michel Platini, son statut de témoin assisté dans la procédure n'a pas changé depuis le communiqué de presse du MPC du 25 septembre 2015.
En plus du paiement controversé fait à Michel Platini, M. Blatter est soupçonné d'avoir conclu en septembre 2005 un contrat désavantageux pour la FIFA avec l'Union caribéenne de football (CFU) en matière de droits de retransmission TV, dans des conditions bien inférieures au prix du marché. Le président de la CFU, Jack Warner, est accusé de corruption et de blanchiment d'argent aux Etats-Unis.
Blatter nie tout reproche
Sepp Blatter aurait, en enfreignant son devoir de loyauté dans la mise en oeuvre de ce contrat, porté atteinte aux intérêts de la FIFA. Le Haut-Valaisan a toujours contesté les reproches. Il a justifié le versement de 2 millions au président de l'UEFA en invoquant sa fonction de conseiller de la FIFA entre janvier 1999 et juin 2002.
Dans le cadre de la procédure pénale, M. Blatter avait été entendu 'en qualité de prévenu' par des membres du MPC. Celui-ci avait mené une perquisition au siège de la FIFA à Zurich avec la Police judiciaire fédérale. Michel Platini avait aussi été auditionné, cependant seulement 'en qualité de personne appelée à donner des renseignements', selon le MPC.
M. Platini avait alors lui-même confirmé le paiement de 2 millions et avait expliqué, comme M. Blatter, que le montant avait été versé pour le travail accompli de manière contractuelle pour la FIFA.
Les deux hommes ont entre-temps été suspendus par les commissions d'éthique et de recours. Ils ont tous deux décidé de faire appel contre leur suspension auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne, dernier échelon de la justice sportive.
Procédures en Suisse et aux USA
Dans l'affaire de corruption qui secoue la FIFA, la Suisse et les Etats-Unis mènent deux enquêtes indépendantes. La procédure suisse concerne l'attribution des coupes du monde de football 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. La procédure américaine touche, elle, l’octroi de droits de marketing sur des tournois de football organisés en Amérique latine et aux Etats-Unis. Les autorités américaines et le MPC collaborent cependant étroitement.
A la demande des Etats-Unis, neuf fonctionnaires de la FIFA ont été arrêtés à Zurich fin mai et début décembre de l'année passée. Ils ont été entre-temps livrés aux autorités américaines. L'Office fédéral de la justice (OFJ) avait également bloqué quelque 80 millions de francs sur 13 comptes bancaires suisses.
La FFF n'a pas pu être jointe par l'ats mercredi.
/ATS