Le chanoine Gilles Roduit a été rétabli mercredi dans sa fonction de curé du secteur de Saint-Maurice (VS), après cinq jours de grève de la faim. Il n'est cependant pas réhabilité dans sa charge de doyen du décanat de Monthey, son successeur sera nommé en automne.
La décision - prise par l'évêque de Sion, Jean-Marie Lovey, et l'administrateur apostolique de l'abbaye de Saint-Maurice, Jean-Michel Girard - a été transmise mercredi aux agents pastoraux du diocèse de Sion et du territoire abbatial de Saint-Maurice dans une communication interne, dont Keystone-ATS a pris connaissance. L'information avait été révélée mercredi par le portail catholique en ligne cath.ch.
Aucun communiqué de presse n'a été publié, car ce n'est jamais le cas pour les nominations, a expliqué Pierre-Yves Maillard, porte-parole du diocèse de Sion. Gilles Roduit a été rétabli en tant que curé dans le secteur de Saint-Maurice - dont la nomination dépend de l'abbaye et du diocèse -, mais pas comme doyen du décanat de Monthey, a-t-il précisé.
Les doyens de décanat sont nommés en Valais par le diocèse de Sion. En plus d'être curés, ils chapeautent en quelque sorte les autres curés de leur région, ils participent notamment au Conseil presbytéral du diocèse et au Conseil des doyens, où sont abordées les questions des nominations pastorales. Un nouveau doyen sera nommé en automne pour remplacer Gilles Roduit, a indiqué M. Maillard.
M. Roduit a déclaré à l'agence de presse Keystone-ATS être satisfait de cette décision qui le réhabilite dans sa fonction principale après '5 mois et 15 jours' de mise en retrait. Elle 'me donne le droit d'être prêtre chez moi, pour mes paroissiens', a-t-il poursuivi.
Situation d'attente 'invivable'
L'abbaye de Saint-Maurice et le diocèse de Sion, pour lesquels Gilles Roduit officiait comme curé-doyen du secteur de Saint-Maurice, avaient demandé au chanoine de se mettre en retrait dans le sillage de la diffusion en novembre 2023 de l'émission Mise au Point de la RTS qui dévoilait des cas d'abus sexuels au sein de l'abbaye, le temps d'établir les faits. Ce que l'homme d'église avait accepté.
Dans l'émission, une ancienne paroissienne, âgée de 12 ans au moment des faits, accusait le chanoine d’attouchements, ce que M. Roduit a toujours nié. L'affaire avait abouti à un arrêt de non-lieu en 2005, une décision de non-réouverture de procédure en 2021 et une décision de confirmation de non-réouverture en 2022. Le cas avait également été soumis au Saint-Siège qui, après enquête, était parvenu aux mêmes conclusions.
Pour le curé écarté de sa charge, la situation était devenue 'invivable', raison pour laquelle il a entamé vendredi une grève de la faim. Le chanoine a également adressé un message au nonce apostolique, délégué du pape, pour lui soumettre sa situation. 'Il m'a répondu qu'il comprenait que la situation d'inconfort et de non-communication dans laquelle je me trouvais était invivable' et il a appelé mon évêque, a expliqué M. Roduit.
Le diocèse voulait des investigations
Dans cette affaire, le diocèse de Sion, qui demandait des investigations complémentaires pour clarifier la situation autour des accusations dirigées contre le chanoine Roduit, a fini par céder à la pression qui a résulté de la grève de la faim. Des lettres anonymes ont également été reçues. 'Mgr Lovey a considéré que ce n'était pas raisonnable de maintenir cette tension pendant des semaines voire des mois' et a accepté le retour du curé, a expliqué M. Maillard.
Le porte-parole a également relevé que la ligne du diocèse n'avait pas changé depuis novembre: ce dernier estimait que la réhabilitation de M. Roduit ne pouvait se baser uniquement sur des décisions de justice déjà connues depuis longtemps au moment de la mise en retrait du curé-doyen. Il souhaitait que l'abbaye de Saint-Maurice établisse les faits avec de nouveaux éléments de réflexion, ce qui n'a pas été fait. Il a finalement accepté d'infléchir sa position.
Pour sa part, l'abbaye de St-Maurice avait indiqué mardi à Keystone-ATS soutenir Gilles Roduit et souhaiter qu'il soit rétabli dans sa charge. En février déjà, l'abbaye avait unilatéralement annoncé qu'elle levait les mesures provisoires à son encontre, s’appuyant sur les décisions de la justice civile et celles du Vatican.
/ATS