Le chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel Olivier Guéniat a été retrouvé mort lundi chez lui à Fresens (NE). Les autorités retiennent la thèse du suicide. Homme médiatique, il était un expert des questions liées à la drogue et à la délinquance juvénile.
Le Ministère public a ouvert une enquête pour déterminer les causes et les circonstances de ce décès. Mais tout laisse penser que l'officier de police âgé de 50 ans a mis fin à ses jours. 'L'intervention d'un tiers semble exclue et tout laisse penser que le défunt a mis fin à ses jours', indique un communiqué. Les autorités n'ont pas donné d'autres informations sur les circonstances de ce drame.
'Sa disparition a créé une vive émotion au sein de la police et des autorités de poursuite pénale, tant sa personnalité avait laissé une vive admiration et une très large sympathie', relèvent encore la police et le Ministère public dans leur communiqué commun.
Politique de la drogue
Né en 1967 à Porrentruy (JU), Olivier Guéniat avait obtenu en 1991 un diplôme de police scientifique et de criminologie à l'Université de Lausanne. En 2001, il obtient le titre de docteur en sciences forensiques avec une thèse sur le profilage de l'héroïne et de la cocaïne.
Olivier Guéniat était l'auteur de nombreux articles consacrés à la lutte contre le trafic de drogue. Par pragmatisme, il soutenait la légalisation de la production et de la consommation de cannabis dans l'espace privé. Expert reconnu en la matière, le Jurassien allait parfois à contre-courant, estimant que le modèle répressif en vigueur était un échec.
Personnalité privilégiant une approche humaine et toujours à l'écoute, Olivier Guéniat intervenait souvent dans les médias romands. Il n'hésitait pas non plus à tordre le cou à certains préjugés. Il avait aussi acquis une notoriété avec ses analyses, parfois à contre-courant, sur la délinquance des jeunes.
A la tête de la police jurassienne
Sa carrière débute dans le Jura. Olivier Guéniat a ainsi été chef du service scientifique de la police cantonale jurassienne de 1992 à 1997. Il devient ensuite chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel.
Dans le cadre d'un projet de fusion des police jurassienne et neuchâteloise, il est nommé commandant par intérim de la police jurassienne de 2011 à 2013. Après l'échec de ce projet de nouvelle force de sécurité de l'Arc jurassien, il reprend son poste de chef de la police judiciaire à la police cantonale neuchâteloise.
Nombreux hommages
Interrogée par l'ats, la police jurassienne était sous le choc de la disparition de cet ancien collègue. Elle a tenu à saluer le professionnalisme d'Olivier Guéniat et son dévouement pour la cause judiciaire. Elle a aussi relevé ses multiples activités.
'Je suis totalement choqué. Je connaissais Olivier Guéniat depuis assez longtemps et j'étais proche de lui. C'était quelqu'un que je voyais également en dehors du bureau', a déclaré le conseiller d'Etat neuchâtelois Alain Ribaux à Arcinfo.
'Il faisait partie de ces personnes qui dans leur domaine sont incontestées. Il était d'une intelligence brillante', a ajouté le chef du Département de la justice, de la sécurité et de la culture. 'Rien ne laissait entrevoir cette issue', a-t-il expliqué.
De nombreux hommages ont également été rendus sur twitter. 'Quelle triste nouvelle', écrit le canton du Jura. L'Université de Neuchâtel a aussi exprimé ses condoléances aux proches d'Olivier Guéniat qui avait été chargé de cours à l'alma mater neuchâteloise durant des années.
Le monde politique de Suisse romande a également exprimé sa consternation à l'annonce du décès de cette personnalité. Des élus ont souligné l'intelligence et l'humanité du défunt. Plusieurs journalistes ont également rendu hommage au disparu.
/ATS