Le conducteur du fourgon impliqué dans l'accident qui a causé la mort de ses douze passagers portugais, jeudi soir dans l'Allier, en France, est toujours hospitalisé dans un établissement psychiatrique. Les dépouilles doivent être rapatriées mardi au Portugal.
Le chauffeur, un Portugais de 19 ans, est en état de choc et souffre d'une fracture du poignet. Il n'a pas été auditionné par la gendarmerie, pas plus que le propriétaire supposé du second véhicule avec lequel il voyageait peut-être en convoi. 'Ils ne sont pas en état d'être entendus', a déclaré à l'ats Pierre Gagnoud, procureur de la République de Moulins. Il estime que les circonstances du drame s'éclairciront cette semaine.
Le fourgon, un Mercedes Sprinter, a dévié de sa trajectoire avant de percuter frontalement un semi-remorque chargé de viande. Il tractait une petite remorque qui contenait les valises des passagers, a précisé M. Gagnoud.
Des examens techniques sont menés sur les deux véhicules. Les enquêteurs essayent de recomposer le fourgon à partir des débris, pour tenter de déterminer s'il était aménagé pour le transport de personnes.
Piste du dépassement volontaire
Les conducteurs ont subi des tests d'alcoolémie qui se se sont révélés négatifs. Le poids lourd était conduit par un chauffeur italien, qui a été opéré du poignet suite à l'accident. Il devait être interrogé samedi, mais son audition a été reportée au début de cette semaine. Son passager, lui aussi d'origine italienne, a été entendu vendredi.
'Les premiers témoignages recueillis semblent conforter la piste d'un dépassement volontaire' par le fourgon, selon le procureur de la République de Moulins. Cette piste commence à se dessiner avec davantage de précision et est 'sans doute' privilégiée. Il faut cependant attendre d'autres témoignages.
Mystérieux second véhicule
De nombreux doutes subsistent quant au second véhicule, qui formait possiblement un convoi avec le fourgon Mercedes. Si sa présence semble avérée, 'nous ne sommes pas en mesure de dire s'il roulait devant ou derrière, ni s'il s'agissait d'un véhicule léger, d'un utilitaire ou d'un minibus', a fait savoir Pierre Gagnoud.
Son propriétaire supposé, dont le lien de parenté avec le conducteur du fourgon n'est pas officiellement confirmé, a été déposé sur le bord de la route et est revenu à pied sur les lieux de l'accident. Il a ensuite été pris en charge pour un choc psychologique et hospitalisé.
Rapatriements au Portugal
Le Mercedes Sprinter transportait douze passagers de nationalité portugaise. Partis de Romont (FR), ils se rendaient au Portugal. Seul le chauffeur a survécu. Les corps de onze des douze victimes ont été formellement reconnus, tandis que le douzième a été formellement identifié à partir d'empreintes digitales et de photographies.
Les dépouilles doivent être rapatriées mardi au Portugal, a fait savoir à l'ats Christophe Hériard, directeur du cabinet du préfet. Deux entreprises de pompes funèbres portugaises ont été choisies par les familles pour procéder au transport des corps.
Neuf des victimes résidaient à Fribourg et trois dans le canton de Vaud. Une fillette de sept ans et ses parents, ainsi qu'une adolescente de 17 ans, figurent parmi les victimes.
'Route de la mort'
Le drame s'est produit sur la route nationale 79 à Montbeugny, près de Moulins, la préfecture du département de l'Allier. La N79 est un tronçon de la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA).
Surnommée 'la route de la mort', la N79 est empruntée chaque jour par plus de 10'000 véhicules, dont plus de 40% de camions, selon le ministère français des Transports. La vitesse y est limitée à 90 km/h. Assez monotone, c'est l'une des routes les plus dangereuses de France.
/ATS