Le conseiller d'Etat reste privé de son département

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet ne reprend pas la tête du Département du développement ...
Le conseiller d'Etat reste privé de son département

Le conseiller d'Etat reste privé de son département

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet reste privé de toutes ses prérogatives. La décision, prise par ses collègues du gouvernement, se fonde sur une expertise décortiquant le fonctionnement du département dont le magistrat a eu la charge jusqu'en octobre 2020.

Cette analyse a été confiée par l'exécutif cantonal à l'ancien juge fédéral Jean Fonjallaz. La synthèse de son rapport a été publiée mercredi. Elle décrit un département du développement économique (DDE) qui s'est trouvé 'dans une crise extraordinairement grave au début du mois d'octobre 2020'.

M.Fonjallaz précise dans son expertise que les difficultés constatées 'résultent surtout de la conduite du département'. Pierre Maudet est une personne qui visiblement imposait ses vues sur l'organisation des services dont il avait la responsabilité. Le magistrat ne cherchait jamais vraiment l'adhésion de ses subordonnés.

Il mettait à l'écart ou transférait des collaborateurs 'sans procédé à aucun échange sérieux et formalisé avec les intéressés ou des tiers pour s'assurer' du caractère adéquat de ces décisions. Ces pratiques 'ont généré de l'incompréhension, de la frustration, voire de la colère pour les personnes visées'.

En revanche, contrairement à un précédent diagnostic sur le fonctionnement du DDE, qui avait été qualifié d'alarmant par le Conseil d'Etat genevois et l'avait conduit à mettre Pierre Maudet sur la touche, la synthèse du rapport de M.Fonjallaz ne parle pas de pensées suicidaires chez certains collaborateurs du département.

M.Fonjallaz n'a cependant pas exclu que ce risque ait pu exister au plus fort de la crise, a noté la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet. La magistrate a souligné par ailleurs que la plainte de Pierre Maudet contre l'autrice du diagnostic a pu intimider les collaborateurs et les inciter à plus de retenue devant M.Fonjallaz.

Recommandations acceptées

L'ancien juge fédéral a fait des recommandations qui ont toutes été acceptées par le Conseil d'Etat. La première est de renoncer à intégrer les collaborateurs du DDE dans un département dont Pierre Maudet serait le titulaire. Il n'est en effet pas envisageable que ces personnes soient à nouveau dirigées par le magistrat.

La question pourrait se poser si Pierre Maudet est réélu au gouvernement genevois le 28 mars prochain, date du second tour de l'élection complémentaire du Conseil d'Etat. Le magistrat démissionnaire affronte trois autres candidats.

Une autre recommandation de M.Fonjallaz est de procéder à une réflexion quant aux capacités du DDE de satisfaire aux missions de soutien à l'économie genevoise en cette période de crise sanitaire. Pierre Maudet avait abordé cette problématique l'été 2020, relève le rapport. Le DDE est un micro département de 35 personnes.

Enfin, M.Fonjallaz a constaté que le DDE 'semble avoir été laissé à lui-même en tout cas pendant les premiers mois de la crise économique liée à la crise sanitaire'. Au début de la pandémie de Covid-19, la charge de travail a été extrêmement importante au sein de l'administration pour se réorganiser, a expliqué Mme Fontanet.

La conseillère d'Etat, qui a repris la direction du DDE, a par ailleurs souligné l'engagement des collaborateurs et collaboratrices du département. 'J'avais aussi des attentes et des exigences' et ces personnes 'ne comptent pas leur temps'. Depuis la crise sanitaire, le DDE s'est transformé 'en service de délivrance de prestations'.

Selon la présidente du Conseil d'Etat genevois Anne Emery-Torracinta, le rapport de M.Fonjallaz confirme le diagnostic qui avait été fait précédemment et en reprend les éléments essentiels. Le rapport est le fruit de 400 heures de travail. C'est pour cette raison qu'il n'a été rendu que lundi dernier.

Pierre Maudet satisfait

Sur sa page Facebook, le conseiller d'Etat Pierre Maudet estime, pour sa part, que 'le rapport de l'ancien juge fédéral remet les pendules à l'heure sur un certain nombre de points'. Ainsi, l'expert 'n'a recueilli aucun propos alarmant' sur l'éventuel risque d'une issue fatale, soit de suicide ou d'agression du magistrat.

Le rapport souligne aussi, selon M.Maudet, qu'il n'y a eu aucun usage des ressources de l'Etat à des fins privées 'contrairement à ce qu'écrivait l'auteure du diagnostic'. Le conseiller d'Etat reconnaît des cas de souffrance, qu'il déplore, et qui étaient dus à 'l'exigence forte exercée sur mes cadres dans un contexte de crise aiguë'.

La conseillère d'Etat Nathalie Fontanet reste en charge du DDE jusqu'à la nouvelle répartition des dicastères qui interviendra le 30 avril prochain, au lendemain de la prestation de serment du nouveau magistrat élu à l'issue du second tour de l'élection du 28 mars.

/ATS
 

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