Le prédicateur de la mosquée Ar'Rahman à Bienne conteste avoir tenu des propos haineux lors d'un prêche. Dans une interview, ce Libyen de 64 ans affirme n'avoir jamais prié Allah 'd'anéantir les ennemis de l'islam'. Ses citations auraient été mal traduites.
Abu Ramadan est sorti pour la première fois de son silence depuis que les quotidiens Bund et Tages-Anzeiger ont révélé le contenu de son prêche. Dans une interview publiée vendredi par ces quotidiens, il plaide la bonne fois et balaye les griefs dont il fait l'objet.
Le Libyen établi à Nidau (BE) conteste par exemple avoir prié Allah 'd'anéantir les juifs, les chrétiens, les Russes et les chiites'. Il affirme avoir prié Allah d'appliquer la justice, ajoutant qu'il fallait placer son prêche dans le contexte des guerres en Afghanistan ou en Irak et du rôle qu'y jouent les Etats-Unis.
Le prédicateur estime que le public arabe saura interpréter ses propos correctement, accusant le traducteur d'être un menteur. Les quotidiens Bund et Tages-Anzeiger affirment que la traduction du prêche qui a déclenché cette polémique a fait l'objet de plusieurs vérifications.
Intégration réussie
Dans l'entretien mené en anglais, Abu Ramadan conteste aussi ne pas être intégré en Suisse. Il affirme qu'on le connaît à Nidau et que ses quatre enfants sont bien intégrés. Et contrairement à lui, ils s'expriment en allemand et en français.
Le prédicateur, qui ne se considère pas comme un imam ou un cheikh, reconnaît ne parler aucune langue nationale. Le cours de français qu'il fréquentait n'avait en effet lieu qu'une fois par semaine. Il ajoute qu'on l'a également empêché d'entamer des études à l'Université de Fribourg.
A 64 ans, Abu Ramadan estime être désormais trop âgé pour apprendre une langue. Il affirme aussi qu'il aurait volontiers travaillé en Suisse, mais qu'il n'a jamais trouvé un emploi.
Statut de réfugié
Originaire de Libye, il est arrivé en Suisse en 1998 comme requérant d'asile. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) lui a accordé le statut de réfugié en 2001. Mais le 3 août, le SEM a décidé de révoquer l'asile et de lui retirer la qualité de réfugié, car il s'est rendu plusieurs fois dans son pays.
Au bénéfice d'un permis d'établissement C, le prédicateur a affirmé qu'il ne savait pas avoir l'interdiction de voyager en Libye. Un recours a été déposé contre la révocation de statut de réfugié.
/ATS