Les Suisses se sentent en général très en sécurité et envisagent l’avenir du pays avec optimisme. La situation internationale ne les rassure toutefois pas, selon une étude annuelle sur la sécurité publiée mardi.
L'optimisme des Suisses est lié à la bonne situation économique et au système politique. Il en irait autrement si ceux-ci devaient se détériorer. La migration fait elle partie des raisons invoquées pour justifier un certain pessimisme. La peur de la violence, l'inquiétude pour les assurances sociales ou le climat viennent ensuite.
Quatre Suisses sur cinq se sentent en sécurité dans des espaces publics, 90% lorsqu'ils se promènent seuls la nuit près de chez eux. Ces chiffres restent stables par rapport aux autres années.
La confiance dans les autorités et les institutions a augmenté. La police arrive en tête (8 points sur 10), suivie des tribunaux (7,4), du Conseil fédéral (7,1) et du Parlement (6,7). Les médias (5,8) et les partis politiques (5,6) continuent d'occuper les derniers rangs. La confiance moyenne (6,8) a fortement augmenté et représenterait un pic historique.
Situation mondiale problématique
La perception de la situation politique mondiale n'est de loin pas si rose: 73% (+5 points) des sondés sont pessimistes. C'est particulièrement le cas des femmes et des personnes âgées. La première cause citée est la politique d’intimidation des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie.
Le degré de confiance dans ces pays est bas: 28% pour les Etats-Unis, 22% pour la Chine et 16% pour la Russie. C'est nettement moins que l'Allemagne (92%), la France (73%) ou l'Italie (58%) mais davantage que l'Iran (10%) ou la Corée du Nord (6%).
Le président américain Donald Trump est souvent cité comme cause de l'estimation pessimiste. La majorité des sondés considèrent que la politique de Washington nuit à l’économie suisse, mais il se dégage aussi une majorité pour estimer que les Etats-Unis restent un partenaire commercial fiable. Le nationalisme et le populisme de droite sont également des sources d'inquiétudes.
La voie bilatérale continue d'être plébiscitée. Plus de 80% des personnes interrogées estiment que la Suisse ne doit pas adhérer à l'Union européenne. Une proportion à peu près semblable souhaite renforcer la collaboration économique avec l'UE alors que 35% se prononcent pour un rapprochement politique.
Environ 60% soutiennent une participation active de la Suisse dans le cadre de l'ONU et soutiennent un siège au Conseil de sécurité. La même proportion générale est d'accord de mettre à disposition des troupes pour le maintien de la paix. Mais seulement un tiers des sondés souhaite un rapprochement avec l'OTAN.
Armée soutenue
La nécessité de l’armée suisse est soutenue par quatre sondés sur cinq, dont la moitié estime qu'il s'agit d'un mal nécessaire. Les 18-29 ans ont une attitude plus sceptique que les personnes âgées.
L'armée professionnelle a perdu en sympathie. 60% des personnes interrogées se sont prononcées pour le système de milice. La moitié estime que le budget militaire est raisonnable, un tiers le juge trop haut.
L'immense majorité des sondés estime important que les membres de l’armée profitent des mêmes chances, indépendamment de la langue, du genre, de l'orientation sexuelle et de la religion. Un peu plus de la moitié (55 %) sont toutefois d’avis que, du point de vue de la constitution physique, les femmes ne sont pas aptes à assumer certaines tâches.
Six sondés sur dix estiment que l'allemand est la langue la plus importante dans l'armée et 45% trouvent que la pratique religieuse pourrait nuire au fonctionnement du service. Ils ne sont que 14% à juger que les homosexuels pourraient compromettre la cohésion de la troupe.
Le sondage de cette année s’est déroulé en janvier. L'institut de LINK a interrogé par téléphone 1213 électeurs. Les résultats figurent dans la 21e édition de l'étude 'Sécurité' menée par l’académie militaire à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich en collaboration avec le Center for Security Studies.
/ATS