A cause des effets de seuil, reprendre un travail n'est parfois pas une opération bénéficiaire pour les familles nombreuses qui touchent l'aide sociale, constate Pierre-Yves Maillard dans 'Le Temps'. Mais il y a des moyens pour contrer ce problème.
Il faut passer de ce 'constat à l'action' malgré les coûts, appelle le conseiller d'Etat vaudois, qui cite son canton en exemple.
Les familles nombreuses à l'aide sociale touchent des revenus qui paraissent hors de portée des travailleurs avec des bas salaires, admet le socialiste dans une interview. Mais le phénomène touche davantage Genève que le canton de Vaud, précise d'emblée le chef du Département de la santé vaudois.
'Dans mon canton, seuls 4% des ménages à l'aide sociale ont trois enfants et plus, deux tiers des personnes aidées sont célibataires.' Vaud a 'massivement réduit' l'effet de seuil. Avec une série de mesures, le canton, un des deux seuls en Suisse, a vu la proportion de sa population à l'aide sociale baisser en 2013, rappelle le conseiller d'Etat.
Et d'énumérer: le forfait d'entretien diminue pour les gens qui refusent les mesures proposées pour s'en sortir, en renonçant par exemple à un emploi ou à une mesure d'insertion. De plus, 'nous donnons un délai d'un an aux familles concernées pour qu'elles trouvent un logement modeste, délai au-delà duquel on ne finance pas le dépassement par rapport aux normes', poursuit le Vaudois.
Le montant maximal des subsides à l'assurance maladie a été baissé pour les personnes qui émargent à l'aide sociale. Dans le même temps, 'nous l'avons augmenté pour ceux qui travaillent.'
Pas comme des assistés
Les prestations complémentaires pour les familles des travailleurs pauvres ou monoparentales ont augmenté. De même que les bourses d'études, car 'il faut traiter les jeunes comme des boursiers et non comme des assistés', assène Pierre-Yves Maillard.
Toutes ces mesures ont un coût, reconnaît-il. Mais cette politique évite la trappe de l'aide sociale, selon lui. 'La génération de mes parents a pu élever une famille avec un revenu d'ouvrier. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. C'est cela, le problème crucial', affirme-t-il encore.
Volonté de révision
Dans un contexte marqué par des controverses sur les montants touchés par des bénéficiaires de l'aide sociale, la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) souhaite réviser partiellement ses normes. La question se portera entre autres sur le forfait pour l'entretien - dont une possible réduction pour les familles nombreuses -, les incitations financières et les possibilités de sanctions.
Les instances de la CSIAS vont élaborer une proposition de révision à l'attention de la conférence sociale organisée par la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS), prévue en automne 2015. Les modifications des normes seront ensuite transmises sous forme de recommandations aux cantons, afin qu’ils les appliquent.
/ATS