Les conseillers nationaux en visite à Taïwan ont rencontré lundi la présidente Tsai Ing-wen. Ils ont appelé à un dialogue diplomatique pour résoudre le conflit entre l'île et son voisin chinois. L'ambassade de Chine à Berne s'est dite fermement opposée à ce voyage.
'L'unification par la force n'est pas une option, même la Chine ne peut pas franchir ce pas', a déclaré Nicolas Walder (Les Verts/GE), co-président du groupe parlementaire Suisse-Taïwan, lors de la rencontre avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. C'est ce qu'il a relaté plus tard dans la journée lors d'un entretien à l'agence Keystone-ATS.
'Il faut favoriser le dialogue, notamment diplomatique, entre les parties', a-t-il ajouté. Selon le Genevois, les conseillers nationaux ont été 'extrêmement bien reçus' par la présidente avec qui ils ont échangé durant 90 minutes.
Durant cette rencontre, Tsai Ing-wen a fait part de son 'envie de renforcer les relations entre la Suisse et Taïwan, notamment au niveau économique, culturel et académique', a-t-il ajouté. 'Elle compte aussi sur la Suisse pour soutenir la démocratie et la paix ainsi que la présence de Taïwan dans les organisations internationales.'
De leur côté, les visiteurs ont rappelé que le groupe d'amitié Suisse - Taïwan soutenait la présence de l'île au sein de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 'Plusieurs interpellations ont été déposées en ce sens', pointe l'élu, selon qui Taïwan est un partenaire 'très important de la Suisse' et qu'on 'ne peut pas l'ignorer'.
Désapprobation chinoise
Outre le Genevois, quatre parlementaires membres du groupe Suisse-Taïwan sont du voyage. Il s'agit de Fabian Molina (PS/ZH), Mustafa Atici (PS/BS), Léonore Porchet (Verts/VD) et Yves Nidegger (UDC/GE).
Leur venue n'est toutefois pas du goût de Pékin. L'ambassade de la République populaire de Chine à Berne a en effet fait part de sa 'profonde inquiétude' et de sa ferme opposition à cette visite dans une prise de position lundi.
Pékin estime qu'en tant que pays neutre, la Suisse aurait dû contribuer davantage 'à la promotion et à la préservation de la paix et de la stabilité mondiales, au lieu de se rendre en Asie depuis une Europe déjà peu pacifique pour soutenir les forces séparatistes'. La visite 'n'aura qu'un impact négatif sur la paix en Asie et dans le monde', poursuit le document.
Rappeler les valeurs démocratiques
Pour sa part, Nicolas Walder soutient que les parlementaires se sont rendus sur l'île pour 'afficher [leur] amitié' envers Taïwan. 'L'idée n'était pas de jeter de l'huile sur le feu, mais de rappeler les valeurs démocratiques', insiste-t-il.
Malgré les crispations géopolitiques actuelles, le Genevois dit ne pas ressentir ces tensions lors du voyage et ce, malgré des menaces d'attaque à la bombe dans le métro de Taïpei. 'Les autorités ont pris cela très au sérieux. Nous avons été accompagnés dès notre arrivée pour ne prendre aucun risque et personne ne s'inquiète outre mesure', assure-t-il.
Ces prochains jours, les parlementaires doivent entre autres rencontrer le président du Parlement, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Santé et le ministre de l'Intérieur. 'Nous allons possiblement nous tourner vers eux pour entrer plus en détail sur les collaborations possibles entre la Suisse et Taïwan'. Une rencontre avec la communauté des Suisses de Taïwan est également au programme.
Archipel exposé
Les élus doivent aussi se rendre sur les îles Kinmen, un archipel taïwanais à quelques kilomètres de la côte chinoise. Leur proximité avec le continent en ferait une 'cible de choix' en cas d'attaque. 'Nous voulons voir comment la population vit avec cette épée de Damoclès, et attirer l'attention de la Suisse sur le fait que ces îles ne sont pas juste quelques cailloux en Mer de Chine, mais qu'elles comptent près de 150'000 habitants', dit le Genevois.
La visite des parlementaires helvétiques s'achèvera vendredi. A noter encore qu'il s'agit d'un voyage privé et non d'une délégation officielle. Les participants paient eux-mêmes leur vol pour Taïwan et leurs nuits d'hôtel.
Pour sa part, la Suisse ne reconnaît pas Taïwan comme un Etat indépendant. Elle suit la politique d'une seule Chine prônée par Pékin, ainsi que l'indique le site internet du Département fédéral des affaires étrangères.
/ATS