Les sédiments du lac de Joux (VD) racontent l'histoire de la région

Les couches superposées sur les fonds lacustres livrent des informations historiques précieuses ...
Les sédiments du lac de Joux (VD) racontent l'histoire de la région

Les sédiments du lac de Joux (VD) racontent l'histoire de la région

Photo: Keystone

Les couches superposées sur les fonds lacustres livrent des informations historiques précieuses. Des chercheurs de l'Eawag, l'Institut de recherche de l'eau du domaine des EPF, ont étudié les traces laissées dans les sédiments du lac de Joux (VD).

Comme les sources historiques, les sédiments au fond du lac de Joux sont des témoins importants de l'évolution de la colonisation et des activités humaines dans la Vallée de Joux. Des carottes d'un mètre de long ont été analysées par l'équipe de sédimentologie du département des Eaux de surface de l'Eawag, dirigée par Nathalie Dubois.

Les différentes couches reflètent le développement démographique et économique de la vallée. Ils racontent les événements qui s'y sont produits depuis 1200 ans, a indiqué jeudi l'Eawag.

Pas de traces des premiers habitants

'Jusqu'au XIIIe siècle, les sédiments reflètent surtout l'évolution des conditions environnementales', a indiqué Mme Dubois, citée dans le communiqué. L'alternance des couches révèle surtout les changements climatiques. 'Les premiers habitants, isolés, n'ont pas laissé de traces dans ces dépôts'.

Entre 1300 et 1450, une population plus importante s'installe dans la vallée. Elle colonise les environs, défriche les forêts. La terre, mise à nu, est lessivée par les fortes précipitations annonciatrices du Petit Âge Glaciaire. De grandes quantités d'humus, de matière organique et de nutriments sont emportées dans le lac. Les algues se sont alors accumulées sur le fond.

Industrialisation

Vers 1600, la composition du sédiment change. L'agriculture recule et les activités économiques se développent. Un barrage construit en 1777 et le réchauffement climatique progressif ont laissé des traces. La digue a cédé peu après la construction, emportant les dépôts vers le fond du lac. Cette période est caractérisée par une couche calcaire plus claire.

Le nouveau barrage construit en 1942 pour la production électrique est aussi 'lisible' dans les sédiments. Les couches de cette époque renferment des boues plus grossières, qui correspondent probablement aux gravats évacués lors de la construction. L'utilisation de produits de lessive se laisse également constater.

Dès les années 1950 apparaissent des métaux lourds, plomb, zinc, fer ou cuivre. Les scientifiques pensent qu'ils proviennent de l'industrie horlogère ou de l'utilisation de l'essence au plomb.

Avec ces analyses, les chercheurs peuvent reconstruire l'activité de l'homme dans une région et son impact sur celle-ci. 'Cette reconstruction du passé nous permet d'entrevoir comment les activités d'aujourd'hui peuvent influencer l'environnement ou le climat et d'évaluer la résistance des écosystèmes aux perturbations', commente Nathalie Dubois.

/ATS


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