Entre 800 et 1000 personnes ont participé lundi à la traditionnelle marche de Pâques à Berne. Ce défilé pour la paix était placé cette année sous le signe de la guerre en Ukraine.
Le cortège a longé l'Aar jusqu'à l'Helvetiaplatz, où se trouve également l'ambassade d'Ukraine. La marche s'est terminée par des discours sur la Münsterplatz. De nombreux drapeaux pour la paix aux couleurs de l'arc-en-ciel étaient visibles. En revanche, peu de banderoles ont été déployées.
Une quarantaine d'organisations, principalement issues de la gauche et des milieux ecclésiastiques, avaient appelé à cette marche de Pâques. Les points de vue sur la guerre en Ukraine divergent au sein du mouvement pacifiste. La question des livraisons d'armes de l'Occident est particulièrement controversée.
'Cesser de financer la guerre de Poutine'
On peut avoir des opinions diverses sur cette question, a déclaré en marge de la manifestation l'ancien conseiller national vert et militant pour la paix Jo Lang. Mais pour la Suisse, il n'est de toute façon pas question de livrer des armes. La question qui se pose plutôt est celle des 'livraisons d'argent'. La Suisse doit 'cesser de financer la guerre de Poutine'.
Avant la manifestation, des voix isolées s'étaient élevées parmi les organisateurs pour mettre en garde contre une vision unilatéralement antirusse et critiquer le rôle des Etats-Unis et de l'Otan. Lors de la marche, aucune banderole n'a toutefois montré une quelconque compréhension pour l'attaque russe.
Depuis les années 1960
Les marches de Pâques existent en Suisse depuis les années 1960. Sous la devise 'Faire la paix sans armes', elles ont protesté pendant des années contre le réarmement nucléaire.
A Berne, la tradition s'est endormie avant la fin de la guerre froide, mais a connu un nouvel élan en 2003 après l'invasion américaine en Irak. Depuis, quelques centaines de personnes participent chaque année à l'événement.
La marche de cette année est la première à Berne depuis 2019. Les deux dernières éditions ont été annulées en raison de la pandémie de coronavirus. Le nombre de participants s'est situé dans la fourchette des années antérieures, mais était bien inférieur à celui des grandes manifestations en faveur de l'Ukraine qui se sont déroulées dans la ville fédérale ces dernières semaines.
Le slogan de cette année, 'Protéger le climat, construire la paix', a été choisi avant même le début de l'attaque russe contre l'Ukraine. Après coup, les organisateurs ont décidé de mettre l'accent sur ce conflit.
Le lien avec le climat est par ailleurs évident, estiment les organisateurs. La dépendance vis-à-vis des matières premières russes se fait ressentir. La Suisse joue un rôle central dans le commerce de ces énergies fossiles nuisibles au climat et doit maintenant assumer ses responsabilités.
La Suisse mise au défi
Andrea Nagel, directrice de l'organisation féministe pour la paix cfd, a exigé sur la Münsterplatz la fin immédiate de la guerre en Ukraine. Selon elle, la Suisse doit tout entreprendre pour oeuvrer à une solution diplomatique du conflit.
Mme Nagel s'est en même temps prononcée pour un arrêt immédiat des exportations d'armes suisses dans le monde entier. Elle a rappelé qu'ailleurs aussi, des personnes souffraient d'attaques aériennes, que ce soit dans la bande de Gaza, en Syrie, en Somalie, ou au Yémen.
/ATS