Le ressortissant turco-suisse accusé de l'assassinat d'un Portugais en septembre 2020 à Morges (VD) a donné des explications confuses sur ses motivations et sa vision de l'islam. Il a affirmé qu'il s'était trompé sur l'Etat islamique et qu'il regrettait son acte.
Portant collier de barbe et pull orange, le prévenu a comparu lundi devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Tête baissée et menton collé à la poitrine durant toute l'audience, il s'est dit toujours pratiquant, priant cinq fois par jour.
La cour a tenté de comprendre l'assassinat du 12 septembre 2020. Le prévenu a parlé 'd'un retour du passé', le souvenir de la guerre sainte de l'Etat islamique (EI) en Syrie et des attentats en Europe. Le président lui a rappelé qu'en 2017 déjà, il aurait parlé de 'schlasser des kouffars (poignarder des mécréants)'. Il voulait tuer pour punir la Suisse de sa participation à la coalition anti-EI.
Défendre le prophète
L'accusé a reconnu n'avoir 'aucune idée' du nombre de soldats et d'armes envoyés par la Suisse en Syrie. C'est un communiqué de l'EI qui lui aurait appris que la Suisse faisait partie de la coalition. Ce croyant voulait défendre le Prophète: 'Celui qui attaque l'islam, s'en prend au Prophète. En prison, je me suis rendu compte que je m'étais trompé. Je suis désolé, je me suis trompé.'
Le prévenu a reconnu qu'en choisissant une attaque au couteau, il avait suivi l'un des modèles proposés par l'EI. Après les faits, il était fier d'avoir obéi à Dieu. Aujourd'hui, il s'est dit 'triste pour la victime et sa famille, désolé pour cet incident'. Invité à voir la vidéo de l'agression de Morges par le Ministère public de la Confédération, il a refusé catégoriquement.
Auparavant, l'homme a expliqué le téléchargement et le visionnement de dizaines de vidéos et d'images d'exécutions et de tortures par sa volonté de s'informer sur l'Etat islamique (EI). Il se serait rendu compte désormais que l'islam est une religion 'pacifique', qui prône la paix.
Position confuse et contradictoire
L'accusé a déclaré condamner la violence depuis son incarcération. Sa position par rapport à l'Etat islamique (EI) est apparue confuse et contradictoire. Sans adhérer à l'organisation, il dit soutenir l'idée d'un califat.
L'homme a critiqué certaines actions qui sont interdites par le Coran, comme de brûler des personnes vivantes. Il s'est aussi distancé des attentats par fusillade en Europe, qui ne seraient pas conformes à la loi du talion. 'Si l'on est attaqué par des bombes en Syrie, on doit riposter avec des bombes'.
C'est 'par un coup de tête, par ennui', que le prévenu a expliqué sa tentative d'incendie d'une station-service en avril 2019. Il a parlé de 'petite bêtise' improvisée. Le président lui a rappelé qu'il avait tout de même amené du liquide inflammable, des chiffons, des allumettes et un briquet.
Gardien et policier agressés
D'autres autres agressions ont été évoquées lundi. Selon l'accusé, l'attaque d'un gardien de prison était justifiée par les 'coups tordus' de ce dernier. Il aurait voulu 'seulement le griffer'. Comme le stylo s'est cassé après douze coups à la gorge, il l'a encore frappé avec ses poings.
Outre la consommation de cannabis, le prévenu répond aussi de l'agression d'un agent de la police fédérale dans une voiture: les policiers auraient refusé d'éteindre la musique. Il explique ces actes par 'de l'énervement'.
L'audience se poursuit mardi avec l'audition des proches, de l'expert psychiatre et des témoins.
/ATS