Le pilote de la Patrouille suisse qui s'est crashé après une collision lors d'un vol d'entraînement en 2016 aux Pays-Bas a été condamné à une peine pécuniaire avec sursis par le tribunal militaire 2 jeudi à Aarau. Il écope de trois jours-amende à 160 francs.
Le pilote professionnel, âgé de 37 ans, a été reconnu coupable d'abus et de dilapidation de matériel par négligence. Il a été acquitté de l'accusation de perturbation par négligence de la circulation. La procédure pour violations des prescriptions de service par négligence a été classée.
Selon le tribunal, le pilote a agi de manière contraire au principe de précaution. Il aurait pu éviter la collision. 'Nous partons du principe qu'il y a eu une erreur dans l'évaluation du virage effectué', a déclaré le président du tribunal qui a parlé d'un 'comportement contraire à la prudence' de la part du pilote.
Selon le président du tribunal, la première priorité lors d'un vol en formation est d'éviter une collision. Le pilote aurait dû se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Il aurait dû prévoir qu'il se trouvait dans une situation dangereuse et il aurait donc dû prendre ses distances ou interrompre l'exercice.
'Expérimenté et consciencieux'
Le tribunal souligne que le pilote est 'expérimenté et consciencieux'. Rien n'indique qu'il a volé de manière agressive. Le montant des dommages s'élève à 800'000 francs.
L'accusation réclamait une peine pécuniaire contre le pilote pour abus et dilapidation du matériel, entrave à la circulation et violation des prescriptions de service, le tout par négligence. La défense demandait l'acquittement.
Selon l'auditeur de l'armée (procureur militaire), il ne fait aucun doute que l'accusé est à l'origine de la collision, en commettant des erreurs de manoeuvre lorsqu'il a approché un autre avion Tiger de la Patrouille suisse. Le prévenu a volé 'de manière trop agressive et sans vision'. Il a tenté de croiser cet appareil par-dessous sans contact visuel, selon l'accusation.
Interdiction de voler à l'aveugle
Or il est interdit de voler à l'aveugle au sein d'une formation de show aérien. L'auditeur avait donc requis une peine de 90 jours-amende à 270 francs (24'300 francs) contre l'accusé, tout en reconnaissant qu'il n'était 'pas un gros délinquant', mais 'un pilote méritant des Forces aériennes suisses', portant le grade de major.
L'avocat de la défense avait demandé la relaxe de son client pour tous les chefs d'accusation et l'abandon de toute peine contre lui. Le vol d'entraînement concerné constituait un ordre du commandant. Et la défense d'ajouter que chaque pilote doit pouvoir se fier à ses collègues au sein de la formation. Le pilotage à vue prévaut.
En outre, on ne sait pas exactement comment est survenue la collision, selon l'avocat. Le vol en formation implique des distances minimes entre les avions. Il est sciemment plus dangereux que le vol habituel.
Le pilote n'a pas pu expliquer la collision lors des audiences. 'J'ai ressenti une secousse et une détonation', a-t-il déclaré. 'Je regrette profondément cet incident. Il me pèse encore énormément. Nous savons tous que nous faisons un travail dangereux'.
Vol d'entraînement
L'accident est survenu le 9 juin 2016 lors d'un entraînement en vue d'un show aérien à Leeuwarden (NL). Au cours du vol en formation, le pilote incriminé a constaté qu'il volait trop bas. Pour corriger, il a entamé une manoeuvre dite de sous-vol au cours de laquelle il a voulu croiser deux fois par le bas un deuxième Tiger F-5 de la formation.
Ce faisant, il a brièvement perdu de vue le deuxième appareil. Il s'en est suivi un rapprochement incontrôlé et une collision. Le pilote a actionné son siège éjectable et l'appareil s'est écrasé dans un étang juste à côté d'une ferme, à environ six kilomètres de l'aérodrome militaire.
Il a atterri avec son parachute dans une serre non loin du crash. Le pilote du deuxième Tiger F-5 a pu faire atterrir son appareil sur la base aérienne de Leeuwarden, malgré les dommages subis. Il s'agissait du premier accident grave de la Patrouille suisse en 52 ans d'existence.
/ATS