La tentative de Pierre Chiffelle de faire son retour sur la scène politique veveysanne passe mal auprès de ses camarades de parti. Il risque une exclusion du Parti socialiste. 'Je ne vois aucune raison de démissionner', rétorque-t-il.
'Je considère que le dépôt de sa candidature équivaut à une lettre de démission que j'attends désormais', a déclaré mardi à l'ats Stéphane Montangero, président du Parti socialiste vaudois (PSV).
Aucun candidat n'a passé l'épaule dimanche au premier tour de l'élection à la municipalité de Vevey. Jérôme Christen, de Vevey Libre, a terminé en tête. Une Verte se place deuxième, mais le premier socialiste n'est que 5e, sur cinq sièges disponibles. 'Atterré' par ces résultats, l'ancien conseiller d'Etat a décidé de se présenter sur une liste intitulée 'Gauche libre'.
Eparpillement des voix
Problème: sa présence au deuxième tour, sans l'accord de son parti, risque de provoquer un éparpillement des voix de la gauche. Dans cette élection, le PS et les Verts présentent une liste à trois noms, avec une Verte et deux socialistes.
Pour le PS, la situation est claire: sa candidature va à l'encontre des intérêts du parti. 'Il enfreint les statuts du parti et s'expose à une sanction', explique Stéphane Montangero. Le comité directeur du Parti cantonal est compétent pour une exclusion.
Eviter la polémique
Pierre Chiffelle ne 'veut pas entrer dans la polémique'. 'Je ne vois aucune raison de démissionner. Je suis très attaché au PS. Cela ne me laisse pas indifférent. Ma démission ? on ne me l'a pas demandée. Je n'ai pas eu de contact avec le parti cantonal', a-t-il expliqué.
Son objectif est de stimuler le débat politique pour tenter de le sortir de la torpeur dans laquelle il s'est enlisé à Vevey. Il veut contribuer à ce que sa ville continue à être conduite par une majorité de gauche. Il appelle à voter pour les quatre autres candidats de gauche, la liste PS-Vert et le candidat de Décroissance.
Buzz médiatique
'Depuis 15 à 20 ans, Vevey vote à gauche pour tous les scrutins fédéraux. Cette majorité est très menacée', observe-t-il. 'Mon annonce a créé un buzz médiatique. Nul ne peut ignorer qu'il y a une élection cruciale. Les gens feront leur choix', dit-il.
Pierre Chiffelle ne se prononce pas sur ses chances d'élection: 'c'est la bouteille à encre. Je suis prêt à prendre une baffe électorale', ajoute-t-il.
En 2004, il avait dû quitter le Conseil d'Etat pour raisons de santé. La rente mensuelle d'environ 10'000 francs qu'il touche depuis lors a fait débat, lorsqu'il s'est engagé comme avocat aux côtés de Franz Weber.
Sa rente irrite
Aujourd'hui, il estime pouvoir travailler à 80% et faire face à une charge à temps partiel de conseiller municipal. Concernant sa rente, il explique qu'il présente chaque année sa comptabilité et rend les montants qui dépassent le salaire d'un conseiller d'Etat.
Le thème a rebondi mardi devant le Grand Conseil vaudois où le député PLR Jean-Marie Surer a déposé une interpellation. Il demande si Pierre Chiffelle continuera à toucher une pension versée par l'Etat s'il est élu à la municipalité de Vevey. Le Conseil d'Etat répondra ultérieurement.
/ATS