Pour les batraciens, chaque gouille compte, selon une étude

La création de gouilles artificielles profite aux amphibiens, malgré les nombreuses menaces ...
Pour les batraciens, chaque gouille compte, selon une étude

Pour les batraciens, chaque gouille compte, selon une étude

Photo: WSL

La création de gouilles artificielles profite aux amphibiens, malgré les nombreuses menaces qui continuent de peser sur eux. C’est ce que montre une étude conjointe des instituts WSL et Eawag avec les données du monitoring des batraciens du canton d'Argovie.

Une grande partie des grenouilles, crapauds, tritons et salamandres de Suisse figurent sur la Liste rouge des espèces menacées. Les raisons de l’extinction des batraciens (ou amphibiens) sont multiples: perte d’habitat, maladie fongique mortelle, utilisation de pesticides dans l'agriculture, circulation routière et changement climatique.

Certaines de ces menaces sont difficiles à combattre, a indiqué mardi l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans un communiqué. Mais il existe au moins une solution relativement simple contre la perte d'habitat: la création de gouilles dans lesquelles les animaux peuvent se reproduire.

D'une part, le nombre de descendants augmente dans ces trous d'eau et autres mares, et, d'autre part, les populations sont mieux reliées entre elles grâce à une plus grande densité d'habitats.

400 gouilles en vingt ans

L'écologue Helen Moor et une équipe de recherche du WSL et de l'Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (Eawag), en collaboration avec info fauna karch, ont pu démontrer que la création de nouvelles gouilles à grande échelle est effectivement bénéfique.

Les données de l’étude proviennent du canton d’Argovie, où plus de 400 nouvelles gouilles ont été aménagées en vingt ans. Les batraciens ont colonisé ces nouveaux plans d'eau, et les effectifs de dix des douze espèces étudiées ont augmenté jusqu'en 2019.

'Nous avons été étonnés par ce résultat très net, surtout compte tenu du fait que les autres menaces n’ont pas diminué entre-temps', commente Helen Moor, citée dans le communiqué

Une mine de données

Depuis 1999, le canton d’Argovie suit ses populations de batraciens dans les cinq principales vallées fluviales. Son programme de monitoring fournit un des meilleurs jeux de données à long terme actuellement disponibles.

Il en ressort que plus un nouveau plan d'eau était grand, plus il avait de chances d'être colonisé. La proximité de la forêt et d'autres gouilles ou étangs étaient également des critères favorables à la colonisation.

Le crapaud sonneur à ventre jaune a ainsi fortement progressé, notamment dans les vallées du Rhin et de l'Aar. Dans la vallée de la Reuss, la population de rainettes vertes a même plus que doublé durant la période étudiée. D'autres analyses devraient montrer si les nouveaux plans d'eau sont la seule cause de ce phénomène – et d'où les batraciens ont migré.

Toutes les espèces n'en ont cependant pas profité. Le crapaud calamite préfère les très grandes surfaces temporairement inondées en milieu ouvert, avec un niveau d'eau fluctuant. 'Cette espèce a des exigences particulières quant à son habitat, dont il faudra tenir compte lors de l'aménagement des gouilles', explique Helen Moor.

Pour la chercheuse, l'étude montre que les mesures de protection de la nature valent la peine d'être mises en œuvre et que les populations peuvent se rétablir. 'Tôt ou tard, chaque nouvel étang est inestimable pour les amphibiens', dit-elle. Ces travaux sont publiés dans la revue américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).

/ATS
 

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