L'octogénaire qui avait requis l'aide d'Exit pour se suicider a finalement mis fin seul à ses jours, indique vendredi Exit. Ses frères avaient saisi la justice genevoise pour empêcher Exit de l'assister. Ils ont aujourd'hui déposé une plainte pénale.
Le Tribunal civil de Genève n'avait pas tranché sur le fond, mais les juges avaient interdit à Exit (Association pour le droit de mourir dans la dignité) de prescrire la potion létale à leur membre de 82 ans. Les deux frères avaient saisi la justice et contesté l'aide d'Exit, estimant que leur frère n'était pas en fin de vie.
'C'est ce qui devait arriver', a déclaré l'avocat d'Exit Yves Grandjean, qui avait plaidé devant le tribunal genevois le rejet de la requête des deux frères. Selon lui, l'octogénaire avait annoncé, lors de l'audience, qu'il mettrait fin à ses jours quoi que décide le tribunal. Il avait encore confirmé son intention par la suite.
Les proches comprenaient
Dans cette affaire, Exit n'offrait que ses services et le suicide n'est pas punissable, a rappelé M.Grandjean. 'Nous ne sommes pas dans une société clanique où des frères peuvent décider du suicide d'un membre de la fratrie', a encore relevé l'avocat. Les proches du défunt, qui vivaient avec lui, avaient compris sa décision de partir.
Les deux frères, de leur côté, ont alerté le Ministère public genevois. Ils ont porté plainte contre Exit pour omission de prêter secours, a fait savoir leur avocat François Membrez. L'association ne propose pas de traitement alternatif à la mort, a-t-il déploré. Elle aurait pu proposer par exemple à l'octogénaire une aide psychologique ou une hospitalisation.
Le veuf avait fait état de souffrances psychiques et physiques intolérables pour expliquer son recours à Exit. Dans un communiqué, l'association estime que 'la lenteur de la justice, qui a tenté la dissuasion par une procédure ralentie à dessein, l'a poussé à mettre fin à ses jours dans la solitude'.
Critères d'assistance contestés
Devant le Tribunal civil de Genève, François Membrez avait indiqué qu'il ne s'agissait pas de juger Exit dans cette affaire. Selon lui, la procédure portait uniquement sur l'assouplissement des critères d'assistance au suicide qui avait été décidé par l'association, en 2014.
Exit apporte désormais son aide aux personnes atteintes de 'polypathologies invalidantes liées à l'âge'. Or, ce critère ne correspond pas aux normes de l'Académie suisse des sciences médicales (ASSM), soit la fin de vie proche, les traitements alternatifs et la capacité de discernement. Selon M. Membrez, Exit n'a pas le droit d'élargir unilatéralement les critères et doit se référer à ceux de l'ASSM.
/ATS