La Suisse devrait se doter de drones israéliens. Le National a donné mardi son aval à cette acquisition dans le cadre du programme d'armement 2015 devisé à 542 millions de francs. Les propositions de la gauche visant à réduire ce crédit ont toutes été rejetées.
Le Conseil fédéral veut acheter six drones d’exploration, non armés, du type Hermes 900, à la firme israélienne Elbit, devisé à 250 millions. La Chambre du peuple a accepté par 124 voix contre 56.
Cet achat est nécessaire pour répondre aux exigences actuelles de l'armée, a déclaré Roger Golay (UDC/GE) au nom de la commission. Et seuls les Etats-Unis - dont la disponibilité n'est pas garantie - et Israël remplissent au mieux les exigences de la Suisse.
'L'Etat hébreu utilise ces drones pour des missions d'attaque. La Suisse ne peut pas acheter à un pays en guerre les mêmes appareils qu'il utilise pour bombarder des territoires qui ne sont pas les siens', a tonné Eric Voruz (PS/VD). La gauche proposait par conséquent de supprimer cette acquisition.
La Suisse n'achète pas ce drone à Israël, mais à une entreprise non-étatique qui a son siège dans le pays, a rétorqué Roland Büchel (UDC/SG). Cette acquisition ne viole donc pas la convention des droits de l'homme, a-t-il ajouté. Elle répond aux critères définis pour l'armée et ne pose pas de problème, a abondé le ministre de la défense Ueli Maurer.
Inutile d'interdire
'Une interdiction d'acquisition de drones israéliens n'est pas une solution, la population ne s'en porterait pas mieux', a soulevé Urs Schläfli (PDC/SO). Cet achat ne signifie pas que la Suisse soutient la politique d'Israël.
Ces drones, accompagnés de composants au sol et d'un simulateur, doivent remplacer le système en service depuis une vingtaine d'années et ne disposant que du niveau technologique des années 1980. Des lacunes qu'il faut combler, selon Roger Golay.
C'est en effet 'le nec le plus ultra', a commenté Pierre-Alain Fridez (PS/JU). Mais ces appareils sont trop sophistiqués pour un pays comme le nôtre, a-t-il jugé. L'Europe dispose de drones moins chers. Il serait donc 'plus judicieux d'en acheter à nos pays voisins'.
'Un bazar'
'Nous venons d'approuver des mesures d'économies, je ne vois pas pour quelles raisons l'armée devrait encore une fois en être épargnée', a ajouté Aline Trede (Verts/BE).
'Les discussions autour de l'armée ressemblent de plus en plus à un bazar', a déclaré Ueli Maurer. L'armée est toujours accusée de toucher plus, or la Confédération investit davantage dans le social.
Le Conseil national a approuvé l'ensemble du programme d'armement 2015 par 130 voix contre 55. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
Six milliards d'ici 2020
Outre les drones israéliens, le gouvernement souhaite se procurer des simulateurs de tir de nouvelle génération pour le fusil d'assaut 90, (21 millions de francs) et des véhicules légers tout-terrain destinés aux systèmes techniques (271 millions de francs).
La gauche proposait de biffer un tiers des véhicules légers tout terrain. Une suggestion balayée par 127 voix contre 57.
Enfin, les socialistes et les Verts préconisaient aussi d'adapter la facture totale au cours euro-franc actuel. Le crédit pourrait ainsi être réduit de 64 millions de francs, à 478 millions. La Chambre du peuple a rejeté cette idée par 127 voix contre 58.
Avec 542 millions de francs, le programme d'armement est modeste par rapport à ceux de 2014 (771 millions) et de 2013 (740 millions). Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg: le Conseil fédéral prévoit un programme supplémentaire qui devrait coûter 1,1 milliard de francs.
D'ici 2020, le Département fédéral de la défense (DDPS) prévoit d'investir 6 milliards dans l'achat de matériel militaire.
/ATS