Près de 900 agriculteurs participent depuis cette année à un projet visant à favoriser les abeilles dans les cantons de Vaud, du Jura et du Jura bernois. L'impact des mesures prises sera ensuite analysé. L'objectif à terme est de les appliquer sur la durée.
'Nous avons atteint dès la première année de ce projet qui dure 6 ans le nombre de participants que nous voulions avoir à la fin', se réjouit Aurélie Heinis, de la Direction générale de l'agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV) du canton de Vaud, interrogée par Keystone-ATS.
Au total quelque 750 agriculteurs - 20% des paysans du canton - s'y sont déjà inscrits. Ils sont dix-sept dans le Jura bernois, (20% des paysans potentiellement concernés), et 131 dans le Jura (40%). Dans ces deux cantons, les concepteurs du projet ont choisi de solliciter les agriculteurs établis dans un rayon de 2 km autour de dix ruchers.
Une trentaine d'apiculteurs participent également, dont 20 dans le canton de Vaud. Améliorer la communication entre agriculteurs et apiculteurs est en effet l'un des objectifs de l'opération.
Neuf mesures à choix
Neuf mesures visant à favoriser les pollinisateurs en augmentant leurs sources de nourriture - par exemple en retardant la fauche des prairies -, leurs habitats, ou en encourageant des pratiques qui les ménagent, ont été proposées aux paysans.
Ceux-ci touchent des indemnités, calculées en fonction du travail supplémentaire et des risques pris. Des contrôles sont effectués et les infractions sanctionnées par des pénalités. 'A terme, l'objectif est que les mesures soient appliquées en permanence et sans rémunération', explique Mme Heinis.
Budgétisé à 16,5 millions de francs, le projet est financé à 80% par l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG). Le solde est réparti entre les cantons impliqués et leurs partenaires actifs dans la vulgarisation agricole.
Pas d'engagement dans la durée
Les paysans choisissent eux-mêmes les mesures qu'ils veulent appliquer. Il n'y a pas de nombre minimal de mesures à prendre, ni d'engagement dans la durée. 'Nous avons voulu leur laisser le choix de réitérer ou non une mesure selon leurs expériences', explique Aurélie Heinis.
Ainsi, le semis de légumineuses fourragères sous la culture principale - par exemple des céréales -, n'a pas fonctionné cette année pour certains. 'Ils devront resemer et remettront peut-être cette mesure en question pour l'an prochain', dit Mme Heinis.
Ces plantes, en plus de nourrir le sol, sont d'un grand intérêt pour les pollinisateurs: 'Leurs fleurs fournissent nectar et pollen en été, quand il n'y a plus grand-chose', explique Yann-David Varennes, qui s'occupe du suivi scientifique dans le Jura.
Fauche sans éclateur
Dans les trois cantons, la mesure la plus choisie est la fauche sans éclateur. S'il permet d'accélérer le séchage du foin, cet instrument provoque une hécatombe chez les abeilles. L'absence de gros épisodes de pluie cette année a permis de s'en passer.
Certains agriculteurs qui s'étaient engagés à renoncer aux insecticides - la mesure la plus contraignante - ont dû en utiliser quand même. 'Mais il s'agit de cas isolés', affirme Aurélie Heinis. Ils sont alors tenus de s'annoncer et renoncent aux indemnités prévues.
Peu s'en sont passés pour la betterave, malgré une indemnité de 650 francs par hectare, cette culture étant très sensible aux ravageurs. Concernant le renoncement à ces produits sur les cultures fleuries, les objectifs pour 2018 ont par contre été atteints voire dépassés dans le canton de Vaud pour le tabac et la pomme de terre.
Dans le Jura, les pommes de terre non traitées couvrent 15 hectares, contre trois prévus au départ.
Retours positifs
'Nous avons déjà des retours positifs des apiculteurs, qui remarquent qu'il y a plus de fleurs', note Aurélie Heinis. Pour évaluer l'impact des mesures prises, les abeilles et le couvain sont recensés quatre fois par an dans les ruches. Les populations d’abeilles sauvages sont elles inventoriées sur 83 sites d’échantillonnage.
Après six ans, les données récoltées seront analysées durant deux ans avec le concours d'experts de l'Université de Neuchâtel et de l'Agroscope.
/ATS