Vaud a inauguré jeudi les nouvelles infrastructures de quatre centrales d'urgence regroupées sur un seul site ultra sécurisé à Lausanne. Le siège administratif de l'ECA accueillera dans le courant de l'année le 117, le 118, le 144 et le numéro des médecins de garde.
Ils font partie de ces numéros que l'on connaît par coeur, gravés dans nos têtes. Les opérateurs qui répondent aux appels d'urgence seront désormais tous centralisés dans un même vaste espace dans les locaux du nouveau siège de l'Etablissement cantonal d'assurance (ECA) sur les hauts de la capitale vaudoise, près de la Blécherette, inauguré en 2021. Ils resteront structurés par centrales et métiers.
Vaud devient ainsi un canton pionnier en la matière. 'Ce regroupement des centrales d'urgence est inédit et d'une ampleur unique en Suisse', a déclaré devant les médias le conseiller d'Etat en charge de la sécurité Vassilis Venizelos. Il s'agit de 'fournir une prestation de haut niveau pour la sécurité publique'.
C'est le fruit d'une volonté du gouvernement de renforcer la qualité du traitement des urgences, afin de faire face aux enjeux sécuritaires - croissance de la population, augmentation du trafic - et aux défis liés à la hausse constante du volume d'appels et de la complexité croissante des réponses à apporter, a-t-il expliqué.
Chaque année en moyenne, quelque 250'000 appels au 117 sont enregistrés, 135'000 appels au 118, 237'000 au 144 et 247'000 à la centrale téléphonique des médecins de garde (CTMG), auxquels viennent s'ajouter 68'000 alarmes du système Sécutel.
Par étapes dans le courant 2023
Première à s'installer, la centrale de traitement des alarmes (118) investira ce nouvel espace d'ici un mois. Suivront la centrale des appels sanitaires urgents (144) pour les Cantons de Vaud et de Neuchâtel ainsi que la CTMG, également pour les deux cantons, d'ici la fin de l'été, puis le 117 (police vaudoise et lausannoise) à l'automne, et, début 2024, la centrale de gestion coordonnée du trafic de l'agglomération Lausanne-Morges (GCTA).
A ces centrales d'urgence viendront s'ajouter les infrastructures de gestion de crise de l'Etat de Vaud: le poste de commandement des opérations de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC), ainsi que les locaux de conduite de la Protection civile vaudoise (PCi).
Coût de 34 millions
Le coût total de ce grand 'Alarm Receiving Center' (ARC) s'élève à 34 millions de francs, avec un potentiel d''économies substantielles dans le futur', a relevé Denis Froidevaux, chef du Service de la sécurité civile et militaire de l'Etat de Vaud et chef de l'EMCC. Un montant 'marginal', selon lui, sachant que ce concept est pensé pour au moins les 25 prochaines années.
Il permettra en effet 'une forte mutualisation' des moyens techniques, informatiques et des infrastructures, source d'efficience et de réduction des coûts tant d'exploitation que d'investissements, est-il précisé.
Le nouvel espace commun offre une augmentation de près de 30% de places de travail par rapport à la situation actuelle sur différents sites. Au total, environ 220 personnes travailleront pour cette nouvelle synergie, dont neuf postes opérateurs pour l'ECA, 22 postes pour la police et 28 pour le 144 et la CTMG.
Le bâtiment flambant neuf de l'ECA, sis au site de la Grangette, est l'un des plus sécurisés de Suisse, ont souligné ses responsables. Il respecte une norme internationale fixant des critères de sécurité les plus élevés pour les centrales d'urgence tant au niveau informatique, physique que de gestion des flux. Une centrale de remplacement, en cas de panne ou autres incidents, est en outre prévue sur le site de la police cantonale à la Blécherette.
Fin actée pour la FUS
Cette inauguration a aussi été l'occasion de faire le point sur la Fondation urgences santé (FUS), gérant le 144 et la CTMG pour Vaud et Neuchâtel, sévèrement critiquée pour son management défaillant, une organisation dysfonctionnelle, des conflits interpersonnels et de l'absentéisme. C'est d'ailleurs l'EMCC qui a repris la main de la gestion opérationnelle de la FUS l'été dernier et ce pour une période transitoire d''apaisement et de normalisation' de 18 mois.
La ministre en charge de la santé, Rebecca Ruiz, a confirmé jeudi que la fondation de droit privé disparaîtra. La question de son rattachement final et sous quelle forme à l'Etat de Vaud n'a en revanche pas encore été tranchée. 'Nous sommes encore en phase d'analyse et dans un processus d'accompagnement au changement', a répondu Mme Ruiz. Les effectifs ont été renforcés et des cadres renommés.
/ATS