Remise en eau des hauts-marais pour protéger le climat

Désormais, quiconque souhaite compenser les émissions de CO2 de son voyage en avion peut le ...
Remise en eau des hauts-marais pour protéger le climat

Remise en eau des hauts-marais pour protéger le climat

Photo: LIN'eco, Pro Natura

Désormais, quiconque souhaite compenser les émissions de CO2 de son voyage en avion peut le faire par la renaturation d'un haut-marais suisse. Les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 19'000 tonnes par an.

Seuls 10% des haut-marais suisses - ou tourbières - ont réussi à traverser le siècle dernier à l'état naturel. La grande majorité a été asséchée entre les deux guerres mondiales, notamment à la suite de la 'bataille agricole' de 1940, pour en faire des pâturages, cultiver des pommes de terre ou utiliser la tourbe comme combustible.

Les marais stockent le CO2

Or les haut-marais naturels sont des 'puits de CO2': les matériaux organiques ne pouvant se décomposer dans le sol saturé d'eau, ils s'accumulent pendant des millénaires sous forme de tourbe. Ils prélèvent le CO2 dans l'atmosphère et le stockent. Dans le monde entier, il s'agit de 150 à 200 millions de tonnes par an.

En asséchant ces marais, l'oxygène pénètre dans le sol et la masse végétale que constitue la tourbe se décompose lentement. Le CO2 est alors émis vers l'atmosphère. En Suisse, cela représente 19'000 tonnes par an.

Remise en eau

La solution est simple: la remise en eau des fossés de drainage permet de mettre fin à ces émissions. De plus, les hauts-marais peuvent recommencer à stocker du CO2.

Dans un haut-marais renaturé, les 50 premiers centimètres de tourbe à eux seuls retiennent les émissions potentielles de 1000 tonnes de CO2 par hectare. A titre de comparaison, un vol Zurich-New York rejette 1,2 tonne de CO2 par personne.

Des privés et des entreprises peuvent désormais investir de l'argent dans cette renaturation, s'ils souhaitent compenser leurs émissions de CO2. L'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a développé une méthode de compensation permettant d'évaluer les émissions évitées grâce à la remise en eau des hauts-marais.

Un modèle suisse

Cette possibilité de compensation existe depuis quelques années dans certains pays européens, écrit le WSL. Or les modèles étrangers ne peuvent pas être adaptés à la Suisse en raison des différences entre les sites naturels et entre les climats. Pour cette raison, les chercheurs ont créé une méthode de compensation spécifique à la Suisse, baptisée 'max.moor'. Deux opérateurs (myclimate et South Pole Group) l'appliquent déjà.

Outre l'effet positif sur le climat, la renaturation des hauts-marais améliore fortement la biodiversité, revalorise les paysages et renforce la protection contre les crues, ajoute le WSL.

Encore récemment, BirdLife Suisse et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage ont rappelé l'état dramatique en Suisse des hauts-marais ainsi que d'un tiers des bas-marais. Et cela malgré leur protection garantie par la Constitution avec l'initiative de Rothenturm acceptée en 1987.

/ATS
 

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