Confrontées à une démonstration pour résoudre un problème, les filles sont plus nombreuses à reproduire uniquement les actions utiles. Les garçons ont plus tendance à tout imiter à la lettre, y compris des actes inutiles, selon une étude neuchâteloise.
Cette recherche publiée dans la revue britannique Royal Society Open Science est le premier article scientifique issu d’un travail de master en sciences cognitives de l’Université de Neuchâtel (UniNE), a indiqué cette dernière lundi dans un communiqué.
'Nous voulions questionner l’hypothèse selon laquelle l’espèce humaine est particulièrement inventive et ingénieuse', explique Fabrice Clément, professeur au Centre de sciences cognitives de l’UniNE et co-superviseur du master d’Aurélien Frick.
L’expérience consistait à sortir d’une bouteille de verre un petit seau en plastique muni d’une anse. A côté de la bouteille, on présente à des groupes d’enfants de différents âges deux cure-pipes, l’un blanc, l’autre noir. La solution consiste à prendre l’un des fils métalliques pour en faire un crochet qui permet ensuite d’attraper le seau par l’anse.
Bons imitateurs
'Le test que nous avons proposé aux enfants est un problème que les corbeaux et les corneilles sont en mesure de réussir', indique le chercheur, cité dans le communiqué. Chez les humains, ce n’est que vers l’âge de 10 ans que les enfants comprennent comment attraper la récompense au fond du récipient en se servant du fil de fer.
Mais tout change sitôt qu’on montre comment faire. Il a en effet suffi de montrer comment plier le fil de fer, sans même effectuer l'action de saisir le seau à l’intérieur, pour que quasiment tous les enfants, même les plus jeunes, comprennent comment faire.
Forts de ce constat, les chercheurs ont alors examiné les réactions au niveau du suivi de la démonstration. Et c’est là qu’apparaissent de nettes différences entre garçons et filles.
Indépendant du milieu socio-culturel
'Dans une des versions de notre tâche, l'acteur effectuait une action inutile (entourer le récipient avec l’autre cure-pipe) en plus de l'action de plier le fil de fer', explique Fabrice Clément. Les garçons ont alors plus tendance à imiter l’action inutile.
'Il est possible que les garçons soient plus souvent confrontés à des outils ou des objets dont une bonne partie du fonctionnement leur est incompris et donc opaque', suppose le scientifique. Dans ce contexte, la stratégie qu'ils sélectionnent serait de copier 'à la lettre' et de façon un peu aveugle 'ceux qui savent'.
A noter que les résultats ont été similaires en France, dans un contexte moderne et très industrialisé, aussi bien qu’en Serbie, dans une région nettement moins développée, avec très peu d’accès aux ordinateurs. Cette différence entre garçons et filles est donc indépendante du milieu social et culturel des enfants.
/ATS