Le premier tour de l'élection du Conseil d'Etat fribourgeois s'achève sur un ballotage général. L'alliance de gauche a cartonné en plaçant Jean-François Steiert en tête, alors que le Centre a subi une déroute avec la neuvième place de Jean-Pierre Siggen.
La contre-performance de ce dernier, ministre pourtant le mieux élu en 2016, a constitué la surprise du scrutin de dimanche. L'alliance entre PS, Verts et Centre Gauche-PCS a prouvé que, bien que minoritaire, la gauche savait voter comme 'un seul homme', a indiqué à Keystone-ATS Damiano Lepori, président cantonal du Centre.
La majorité absolue se situait à 39'132 suffrages. Ayant accompli longtemps la course en tête, le PLR sortant Didier Castella a cédé la tête du premier tour avec les résultats tombés dans les trois communes les plus peuplées, à savoir Fribourg, Bulle et Villars-sur-Glâne, où la gauche est la plus forte.
Sur la ligne d'arrivée, Jean-François Steiert, qui préside le Conseil d'Etat cette année, a coiffé tout le monde avec ses 32'892 suffrages. Il devance la Verte Sylvie Bonvin-Sansonnens, présidente sortante du Grand Conseil, laquelle réalise un brillant score avec 30'881 suffrages, soulignant la vigueur de l'alliance de gauche.
Le 3e rang est revenu à Didier Castella (30'659 suffrages), élu en 2018 lors d'une complémentaire pour remplacer la Verte Marie Garnier. Figurent ensuite la conseillère nationale PS Valérie Piller Carrard (30'201), à même de succéder à Anne-Claude Demierre, le centriste sortant Olivier Curty (26'373) et la PS Alizée Rey (25'402).
Siggen en déroute
Le septième rang, potentiellement électif, est revenu au PLR Romain Collaud, avec 24'994 suffrages, lequel défend le siège de Maurice Ropraz qui ne se représentait pas. Au-delà, la déroute de Jean-Pierre Siggen, directeur de l'instruction publique, a constitué l'énorme surprise du renouvellement de l'exécutif cantonal.
Jean-Pierre Siggen ne pointe qu'au neuvième rang, avec 22'745 suffrages, devancé même par Sophie Tritten (24'447), du Centre Gauche-PCS. Pire encore, le Centre a bu le calice jusqu'à la lie avec Luana Menoud-Baldi, chargée de défendre le troisième siège des ex-PDC, laissé vacant avec le départ de Georges Godel.
La candidate d'origine tessinoise n'arrive qu'en dixième position (17'068 suffrages). Elle devance le mieux classé des quatre UDC, Philippe Demierre (14'107 suffrages), ses colistiers étant Adrian Brügger, David Papaux et Gilberte Schär. Les démocrates du centre ne sont plus représentés au Conseil d'Etat depuis 1996.
Compteurs à zéro
Les discussions en vue du deuxième tour du 28 novembre sont déjà lancées, à droite comme à gauche. Content, Didier Castella a rappelé que 'les compteurs seraient remis à zéro dès lundi'. 'Le PLR veut jouer son rôle rassembleur pour maintenir la majorité de droite à 5 contre 2', a ajouté son président cantonal Sébastien Dorthe.
Une alliance bourgeoise entre PLR, UDC et Centre est à l'ordre du jour. En difficulté, le Centre entend rebondir au deuxième tour, a affirmé Damiano Lepori. La sauvegarde du troisième siège centriste est en ligne de mire, a-t-il assuré, tout en admettant qu'un scénario à deux sièges constituait une possibilité.
'Nous payons l'exposition à la crise sanitaire de Jean-Pierre Siggen et d'Olivier Curty (ndlr: en charge respectivement des écoles et de l'économie)', estime Damiano Lepori. Du côté de l'UDC, son président cantonal Christophe Blaumann a relevé que 'le tir groupé de son parti légitimait une présence au deuxième tour'.
Participation en recul
A gauche, la satisfaction a dominé. 'Nous avons accompli une superbe campagne', a noté Alizée Rey avec sa casquette de présidente cantonale du PS. Partir à quatre (avec un ticket Steiert, Piller Carrard, Rey et Bonvin-Sansonnens) devra être discuté. Les Verts étaient quant à eux aux anges avec la performance de leur protégée.
Au total, 19 candidats, sur neuf listes, étaient en lice pour l'élection de dimanche. Le taux de participation a atteint 37,63%, contre 39,1% il y a cinq ans et 43,3% en 2011.
/ATS