Une avocate de 57 ans comparaît depuis lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève pour blanchiment d'argent aggravé. Elle est accusée d'avoir floué la famille belge propriétaire du géant brassicole AB InBev en détournant à son profit 815'000 actions du groupe.
L'avocate travaillait depuis longtemps pour Amicie de Spoelberch. La vicomtesse est l'héritière de l'une des familles les plus fortunées de Belgique. Elle est notamment propriétaire d'AB InBev, le plus grand empire brassicole de la planète, qui compte de nombreuses marques de bières dans le monde entier.
Deux fils adoptifs
La vicomtesse a deux fils adoptifs, Alexis et Patrice Bailo de Spoelberch. Les frères, partie plaignante dans cette procédure, estiment avoir été grugés par l'accusé. La prévenue est jugée pour s'être emparé d'un paquet d'actions AB InBev, puis d'avoir dissimulé son forfait en utilisant notamment la place financière genevoise.
Ces 815'000 actions ont disparu en 2004. La valeur des titres est estimée aujourd'hui à plusieurs dizaines de millions de francs. Les recherches de ces certificats ont pendant longtemps été vaines. Soupçonnée de vol, l'avocate avait été jugée par la justice luxembourgeoise et acquittée par une instance d'appel en 2016.
C'est à l'issue de ce procès que la trace des actions disparues réapparaît. Des établissements bancaires en Suisse signalent à Berne des soupçons de blanchiment visant l'avocate. Cette dernière avait ouvert plusieurs comptes au nom d'une société enregistrée aux Iles Vierges Britanniques.
Echapper aux radars
L'enquête menée à Genève a permis de découvrir que les actions disparues ont transité par ces différents comptes bancaires. Le Ministère public genevois reproche à la prévenue d'avoir créé plusieurs autres sociétés offshore et d'avoir effectué divers transferts et démarche pour camoufler l'origine de ces titres.
L'accusée nie tout détournement. Elle affirme que ces actions lui ont été cédées à titre d'honoraires pour son travail. Les avocats des deux parties se sont affrontés lundi matin, en multipliant les questions préjudicielles et en plaidant plus de trois heures. Le procès est planifié jusqu'à mercredi.
/ATS