Une centaine de patientes inscrites dans le registre Zika du CHUV

Lancé voici bientôt six mois par le CHUV, le registre international des cas de femmes exposées ...
Une centaine de patientes inscrites dans le registre Zika du CHUV

Lancé voici bientôt six mois par le CHUV, le registre international des cas de femmes exposées au virus Zika prend de l'ampleur. A fin 2016, une centaine de patientes ont d'ores et déjà été recensées.

'Cela commence à bien marcher', note le professeur David Baud, chef de service Obstétrique au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). 'Il a fallu du temps car, dans de nombreux pays, lorsque l'on veut faire des études cliniques, la récolte de données, même anonyme, doit passer devant un comité d'éthique.'

A ce jour, une trentaine de collaborateurs (obstétriciens, infectiologues, pédiatres) ont obtenu cet accord dans une vingtaine de pays et ont commencé à remplir le registre. Les réponses proviennent notamment du Brésil, de Colombie, des pays des Caraïbes, du Mexique et d'Espagne, mais aussi d'Angleterre, de New York, de Thaïlande et du Vietnam, détaille mardi le médecin.

A Lausanne, le CHUV entre les patients dans le registre depuis quelques mois, ayant obtenu dès l'été l'accord de son comité d'éthique. 'Dès le début 2017, les chiffres devraient vraiment augmenter', note le professeur. Il espère recenser rapidement entre 200 et 300 cas pour une première analyse visant à mieux comprendre ce virus et répondre aux interrogations qu'il soulève.

Prudence en voyage

Le CHUV suit actuellement 25 femmes enceintes qui ont été exposées au virus lors d'un voyage. 'Toutes les patientes et leur grossesse vont bien pour le moment', rassure M. Baud. 'Pendant les fêtes de fin d'année, de nombreux Suisses voyagent en Amérique latine, dans les Caraïbes, aux Maldives. Ils pensent à la malaria, à la typhoïde, mais pas à ce virus', souligne-t-il.

Selon les recommandations actuelles, il est conseillé à toute femme prévoyant une grossesse de ne pas tomber enceinte dans les six mois après un voyage dans des pays touchés par le virus. 'On connaît encore très mal combien de temps le virus persiste dans le corps après infection, mais nous savons que le Zika peut rester six mois dans le sperme', explique l'obstétricien.

Moustique et voie sexuelle

'Il n'existe toujours pas de traitement, tout le monde travaille à un vaccin, nous aussi', relève le professeur. Son laboratoire examine la question de la pénétration du virus dans les cellules, par quelle serrure il arrive à y entrer.

Une femme enceinte infectée par le virus court un plus grand risque de donner naissance à un enfant avec une malformation du cerveau, rappelle-t-il. Si le Zika est transmis par la piqûre du moustique Aedes aegypti, il l'est également par voie sexuelle. En Europe, il y a plus de chances que ce dernier mode de transmission soit le principal, le virus s'étant bien adapté à l'homme.

Début décembre, un gros projet impliquant plusieurs universités et laboratoires suisses a ainsi été déposé au Fonds national suisse. Son objectif est d'étudier le danger pour la Suisse de la transmission sexuelle du virus.

Baisse de la fertilité

'On se rend compte que le virus attaque des cellules qui ne sont pas encore différenciées, c'est-à-dire dont on ne sait pas si elles vont devenir des cellules cardiaques ou de peau', illustre le médecin. 'On les trouve dans les foetus en développement, notamment dans leur cerveau, mais aussi dans les testicules. D'où la persistance de Zika plus de six mois dans le sperme.'

Comme le montrent diverses études, les hommes infectés peuvent présenter des altérations de leur sperme. Cela a été confirmé chez l'animal, avec également un rétrécissement des testicules. Le corollaire est l'induction d'une possible infertilité masculine.

L'impact risque d'être non négligeable sur la population mondiale, sachant que 75% des habitants de certaines zones endémiques sont infectés, souligne le professeur. D'où l'importance de ce registre pour pouvoir suivre les cas sur le long terme.

/ATS


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