L'artiste franco-suisse Saype, habitué d'immenses fresques pour alerter sur des causes internationales, a investi la Place des Nations à Genève. Son oeuvre 'Nous tous' soutient la lutte d'Handicap International (HI) contre les bombardements de civils.
D'une superficie de plus de 1000 m2, cette fresque biodégradable, qui peut être observée jusqu'à vendredi, dévoile une main humaine qui comble la partie manquante de la Chaise cassée. Il y a plus de 25 ans, HI avait dévoilé sur la Place des Nations ce siège à trois pieds pour insister sur les dévastations des armes pour les civils, notamment les mines antipersonnel.
'C'est une main qui représente l'humanité en général et qui vient réparer symboliquement les effets collatéraux des armes sur les civils', a dit mardi Saype à Keystone-ATS. 'On essaie de réparer les erreurs du passé et de construire un avenir lumineux'.
Selon le Franco-Suisse, l'art a 'toute sa place' pour relayer un message dans les débats de société et face aux tensions politiques. Après les migrations et l'ONU, il s'associe à une troisième cause avec HI. De quoi réjouir l'ONG. 'Notre message de solidarité et de protection des civils est le même que celui de Saype', affirme son directeur pour la Suisse, Daniel Suda-Lang.
Chaque jour, près de 60 personnes ont été tuées ou blessées l'année dernière dans le monde par des armes explosives, en augmentation de 83% sur un an. Les civils constituent 90% des victimes. 'Cela nous scandalise', lance le directeur de HI pour la Suisse.
Suisse épinglée
Les parties au conflit recourent à des bombardements dans des villes densément peuplées 'de plus en plus délibérément'. Et des 'armes intelligentes' arrivent, 'alors que nous ne voyons pas ce qui peut être intelligent' sur cette question, déplore M. Suda-Lang.
L'organisation a fait campagne pendant plusieurs années pour une nouvelle Déclaration politique contre les bombardements de civils en zones urbaines. Des dizaines d'Etats, dont la Suisse, ont signé celle-ci. Des dizaines de parlementaires fédéraux l'ont soutenue.
Selon le directeur, les autorités fédérales 'devraient en faire plus'. La Suisse s'est engagée, avant de devenir plus frileuse dans les discussions, comme elle l'avait fait pour le Traité d'interdiction des armes nucléaires. Alors qu'elle met en avant les Conventions de Genève, 'nous attendons d'elle qu'elle soit une championne et non pas seulement une suiveuse', insiste Mme Suda-Lang.
Le siège au Conseil de sécurité de l'ONU a contribué à une amélioration sur cette question. 'J'ose y croire', ajoute également le directeur de l'ONG.
/ATS