En Suisse, une personne sur vingt a renoncé à certains biens, services et activités sociales par manque d'argent en 2021. Et près du cinquième de la population ne pouvait faire face à une facture inattendue de 2500 francs dans un délai d'un mois.
C'est ce qui ressort d'un communiqué publié mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS). Au total, 448'000 personnes, soit 5,2% de la population, ont renoncé à des dépenses importantes et se trouvent de ce fait en situation de privation matérielle et sociale.
Ce taux reste cependant bien inférieur à la moyenne européenne qui atteint 11,9% et le niveau de vie général, estimé à partir du revenu médian disponible, demeure plus élevé que chez nos voisins européens - 1,3 fois plus élevé qu'en France, 1,1 fois plus élevé qu'en Allemagne et en Autriche.
Reste que 7,9% de la population s'est privée de certains loisirs. A cela s'ajoute une proportion de 3,5% des gens qui se sont privés de nouveaux vêtements de temps en temps et 3% qui ont renoncé à aller manger ou boire un verre avec des amis ou en famille au moins une fois par mois, poursuit l'OFS.
Pauvreté en augmentation
Par ailleurs, le taux de pauvreté a augmenté en 2021 à 8,7% de la population, contre 8,5% l'année précédente et se situe à son niveau d'avant la pandémie. Cela représente 745'000 personnes en Suisse qui vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté.
Les normes de la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) situent ce seuil à en moyenne à 2289 francs par mois pour une personne seule et à 3989 francs par mois pour deux adultes et deux enfants.
Ce sont principalement des personnes de nationalité étrangère, vivant seules ou en situation monoparentale, ou encore sans formation postobligatoire ou sans emploi qui étaient concernées par cette situation. Quelque 157'000 personnes vivaient avec un revenu inférieur à ce seuil alors même qu'elles travaillaient.
Caritas appelle les politiques à agir
Ces chiffres font réagir Caritas qui s'inquiète de voir la pauvreté augmenter en Suisse 'significativement et de manière continue depuis 2014', écrit l'oeuvre d'entraide dans un communiqué diffusé mardi.
La demande pour des denrées alimentaires et des produits de consommation courante a augmenté, constate l'organisation: dans les 22 épiceries Caritas, les achats ont bondi de 40% au premier trimestre de cette année par rapport à 2022 qui était déjà une année record.
Caritas appelle ainsi la Confédération et les cantons à agir de manière ciblée contre le renchérissement en étendant notamment le droit aux subsides d'assurance maladie.
/ATS