La propriétaire d'un immeuble écope de 15 ans de prison pour avoir abattu une locataire de 63 ans et découpé son corps en octobre 2020 à Bottighofen (TG). Le Tribunal de district de Kreuzlingen (TG) l'a reconnue coupable de meurtre et d'atteinte à la paix des morts.
Liechtensteinoise d'origine ukrainienne, l'accusée âgée de 55 ans sera aussi expulsée du territoire suisse durant 15 ans, a décidé la Cour dans son jugement rendu vendredi. Les juges ont largement suivi le Ministère public qui réclamait une peine de 18 ans. La défense a plaidé la légitime défense et demandé l'acquittement du chef d'accusation de meurtre, en vain.
La locataire ne payait pas son loyer
Les déclarations de la prévenue, mercredi durant le procès, n'étaient 'absolument pas crédibles', a observé la présidente du tribunal. La meurtrière a changé de version des faits à plusieurs reprises.
Le cas gardera des zones d'ombre sur le déroulement exact des faits, a déploré la juge. Il est donc impossible de prouver qu'il s'agissait d'un assassinat. Au préalable, plusieurs disputes avaient déjà émaillé la relation entre la propriétaire de l'immeuble et sa locataire qui ne payait pas son loyer, jusqu'à ce que le conflit ne dégénère le 29 octobre 2020 dans la buanderie.
Vengeance et volonté de tuer
L'enquête a permis d'établir que l'accusée a tiré sept coups de feu sur sa victime avec un pistolet. Elle a continué à tirer sur elle alors même que cette dernière gisait déjà au sol, inanimée. La propriétaire n'a donc pas agi par légitime défense, comme elle l'a prétendu, mais par la seule volonté de se venger, a souligné la présidente du tribunal.
Après son acte meurtrier, la prévenue a découpé le cadavre avec des couteaux de cuisine, des outils de jardinage et une scie. Elle a ensuite jeté les parties du corps dans différents conteneurs souterrains à Bottighofen et enterré la tête dans un bois, près d'Egnach (TG).
Découverte de la tête dans un bois
Des promeneurs l'y ont découvert par hasard un mois plus tard. La tête présentait une blessure par balle. L'analyse de l'ADN a permis d'identifier la victime, portée disparue depuis plus d'un mois. La propriétaire de l'immeuble a été arrêtée peu après.
La police a trouvé l'arme du crime à son domicile. La quinquagénaire détenait ce pistolet en tant que tireuse sportive.
'Haine vertigineuse'
Selon le procureur, l'accusée a travaillé dans le milieu de la prostitution durant 20 ans. Elle aurait développé 'une haine vertigineuse' contre sa locataire qui habitait dans son immeuble sans payer son loyer.
Elle avait qualifié sa victime présumée de 'parasite' et ne voulait qu'une chose: 'l'élimination d'une personne ressentie comme désagréable', estime le Ministère public. Son acharnement sur le lieu du crime exclut toute légitime défense, la locataire étant, de surcroît, de taille bien inférieure.
Locataire au passé criminel
L'avocat de la défense a, lui, présenté une lecture radicalement différente des faits. Il a rappelé que la locataire avait été condamnée, dans le passé, pour blanchiment d'argent. Elle avait mis son compte bancaire à disposition d'un réseau criminel de trafiquants de drogue pour y placer de l'argent.
Selon l'avocat, sa cliente aurait eu peur de criminels qui seraient restés en contact avec la locataire. Elle ne serait donc plus sortie de chez elle sans son pistolet. D'après la défense, elle aurait tiré sur la sexagénaire par peu de mourir étranglée, après avoir été agressée par-derrière par la sexagénaire. Cette version des faits n'a pas convaincu la Cour.
/ATS