Les personnes de plus de 55 ans sont victimes d’abus financiers atteignant aujourd’hui 675 millions de francs par an, soit deux tiers de plus qu’il y a cinq ans, s’alarme une étude commandée par Pro Senectute. La cybercriminalité notamment fait des ravages.
Il existe un certain décalage entre la perception du public et les infractions effectivement commises, relève Pro Senectute. Ainsi, les arnaques 'traditionnelles' comme le coup du faux neveu ou du faux policier au bout du fil, mises en avant dans une campagne de prévention nationale lancée la semaine passée qui a eu un grand écho médiatique, ne constituent qu’une petite partie des dommages subis par les aînés.
La dépendance facilite les escroqueries
Les montants des abus sont beaucoup plus importants pour les délits où il existe une dépendance (des seniors) à des professionnels ou à des proches, pointe l’organisation. Il arrive aussi régulièrement que les personnes lésées se voient proposer et achètent, à des prix exorbitants, des marchandises dont elles n'ont pas l'usage.
'Les mesures de prévention doivent être encore mieux adaptées aux situations réelles', plaide dès lors le directeur de Pro Senectute Suisse Alain Huber.
La numérisation, qui s’est encore accélérée avec le Covid-19, fait exploser les cas. Elle a créé de nouvelles opportunités pour les criminels. Ainsi, par rapport à la première étude en 2018, les tentatives de s’enrichir par le biais de la cybercriminalité ont pratiquement doublé. Elles touchent désormais 52% des personnes interrogées. La part de personnes lésées a également augmenté, mais pas dans la même mesure (6,9% contre 4,2% en 2018).
Plus de quatre personnes sur cinq (78%) disent avoir été confrontées à une tentative d’abus financier au cours des cinq dernières années. Si la plupart ont su ne pas tomber dans le panneau, près de 20% des personnes interrogées se sont fait avoir.
Le nombre des victimes a reculé par rapport à 2018. En revanche, le total des dommages a bondi de 400 à 675 millions de francs. Quand ils réussissent, les 'coups' sont très rémunérateurs.
L’étude, représentative, a été effectuée durant l'été 2023 par l’Institut de lutte contre la criminalité économique de Neuchâtel (ILCE). Pour sa réalisation, 1216 personnes de toute la Suisse ont répondu à un questionnaire de 55 questions.
/ATS