La Tunisie a annoncé lundi les premières arrestations après le pire attentat de son histoire, commis il y a trois jours dans un hôtel en bord de mer. Les ministres allemand, français et britannique de l'Intérieur se sont rendus sur place.
Vendredi, un étudiant tunisien de 23 ans a tué 38 personnes à Port El Kantaoui, près de Sousse, au sud de Tunis, avant d'être lui-même abattu. Les victimes sont en majorité des touristes étrangers. La Grande-Bretagne a payé le plus lourd tribut avec - probablement - une trentaine de morts.
L'attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). Cette organisation ultraradicale sème la terreur dans plusieurs pays arabes, notamment en Syrie et en Irak où elle occupe de larges pans de territoire.
Le ministre tunisien de l'Intérieur Najem Gharsalli a annoncé les premières arrestations. 'Nous avons commencé par arrêter un premier groupe, dont le nombre est important, du réseau qui était derrière ce criminel terroriste', a-t-il dit en allusion à l'auteur de l'attaque. Il n'a cependant pas précisé le nombre ou l'affiliation des personnes arrêtées.
'Moments difficiles'
M. Gharsalli s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'hôtel Imperial Marhaba, où a eu lieu la tuerie. Il était accompagné de ses trois homologues européens, le Français Bernard Cazeneuve, l'Allemand Thomas de Maizière et la Britannique Theresa May.
'Je promets aux victimes que ces tueurs criminels seront présentés à la justice pour être punis de manière juste', a-t-il dit. Il a remercié ses homologues européens de leur présence 'en ces moments difficiles'.
Fleurs sur la plage
Theresa May a assuré que 'les terroristes ne l'emporteront pas. Nous serons unis (...) pour défendre nos valeurs'. Dix-huit Britanniques figurent parmi les 38 morts, mais ce bilan pourrait s'alourdir et atteindre 'environ 30' morts, selon Londres.
Avant leur conférence de presse, les quatre ministres se sont recueillis, une gerbe de fleurs à la main, avant de les déposer sur le site du drame.
Les autorités tunisiennes ont affirmé avoir identifié jusqu'ici 20 des 38 victimes. Parmi elles, des ressortissants belges, allemands, irlandais et portugais. Trente-neuf autres personnes ont été blessées.
Lundi, sur les lieux du carnage, des fleurs continuaient d'être déposées avec ces messages: 'Nous sommes désolés', 'Nous sommes musulmans, pas terroristes'.
Armer la police touristique
Le 18 mars, la Tunisie avait déjà été frappée en plein coeur par un attentat au musée du Bardo, dans la capitale. Deux Tunisiens avaient tué 22 personnes (21 touristes étrangers et un policier), avant d'être abattus. Là aussi, l'EI avait revendiqué l'attaque.
Après l'attaque de vendredi, le gouvernement a décidé d'armer la police touristique pour protéger hôtels, plages et sites touristiques. Elle sera aussi renforcée dès mercredi par un millier d'agents de sécurité supplémentaires. Tunis va aussi fermer toutes les mosquées hors du contrôle des autorités et 'diffusant un discours de haine', selon M. Gharsalli.
Destination phare
Avec 1000 km de littoral, d'innombrables plages et des sites archéologiques de renommée internationale, la Tunisie a très longtemps été l'une des destinations phare des tours opérateurs européens. Mais depuis la révolution de 2011, bouleversements politiques, tensions économiques et sociales et montée du djihadisme ont pesé sur le secteur crucial du tourisme.
Depuis 2011, des dizaines de soldats et policiers ont été tués par des djihadistes en Tunisie. Parallèlement, ce pays fournit le plus gros contingent de ressortissants - environ 3000 - à des groupes extrémistes en Syrie, en Irak et en Libye.
/ATS