Conflits et sécheresse font grimper le nombre de personnes au bord de la famine dans le monde. Les organisations internationales espèrent convaincre acteurs de l'aide humanitaire et spécialistes du développement de travailler ensemble afin d'enrayer la spirale.
Le nombre de personnes à la merci d'une famine a augmenté à 124 millions dans le monde l'an passé, selon un rapport publié jeudi par l'ONU et l'Union européenne (UE).
En 2017, avec 17 millions de personnes 'en route vers la famine', soit 60% de sa population en état d'insécurité alimentaire extrême, le Yémen a été le pays 'le plus touché' et continuera de l'être en 2018, a souligné Dominique Burgeon, directeur des urgences à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Deux autres pays se sont dangereusement rapprochés de ce seuil l'an passé: le nord-est du Nigeria et la Somalie, alors que le terme 'famine' a été officiellement utilisé pendant quelques semaines au Soudan du Sud.
'Dès qu'on a utilisé le mot, le monde entier s'est mobilisé, et une assistance conséquente est arrivée, ce qui a permis de limiter sa propagation' dans les trois pays, a précisé M. Burgeon. Néanmoins, malgré l'apport d'aide humanitaire dans les lieux les plus à risque, le nombre de personnes exposées ne cesse d'augmenter, note-t-il.
En 2016, le même rapport avait estimé à 108 millions le nombre de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire, et en 2015 à 80 millions.
Impliquer les populations
Pour ce spécialiste, 'l'aide humanitaire est essentielle, mais non suffisante' pour éradiquer le fléau. 'Aider l'agriculture permet aux gens de rester chez eux plutôt que de gonfler les camps de réfugiés', a-t-il plaidé. Constat repris globalement dans le rapport par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres selon lequel le reste de l'humanité a 'une obligation morale de faire mieux'.
'Nous devons briser les murs qui séparent depuis trop longtemps les acteurs de l'aide humanitaire et ceux du développement', selon lui.
Pour y parvenir, l'assistance doit 'impliquer davantage les acteurs à plus long terme', a ajouté M. Burgeon. Ainsi le Soudan du Sud produisait encore un million de tonnes de céréales en 2016. Et au Yémen, qui importe 90% de ses besoins en céréales, 80% de la population dépend de l'agriculture pour ses besoins vitaux, indique encore l'expert.
Influence du climat
Mais l'aggravation de la faim dans le monde est également liée au climat. En Afrique orientale et australe, la 'sécheresse persistante a joué un rôle majeur', entraînant 'des réductions consécutives des récoltes dans des pays déjà confrontés à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire', poursuit le rapport.
Et l'impact de la sécheresse sur les cultures vivrières et le bétail devrait augmenter encore cette année l'insécurité alimentaire dans les zones pastorales de la Somalie, le sud-est de l'Ethiopie, l'est du Kenya, ainsi que les pays d'Afrique de l'Ouest et du Sahel, tels le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso.
/ATS