BGRB Holding, société créée pour chapeauter les activités de l'ex-Ruag Holding - scindées entre Ruag International et Ruag MRO - a bouclé son premier exercice dans le rouge. L'entreprise en mains de la Confédération a creusé sa perte nette à 186 millions de francs.
Dans son communiqué diffusé jeudi, la société holding bernoise explique le creusement de la perte nette par l'effondrement de la demande dans l'aéronautique civile, un des secteurs d'activités clefs de Ruag International. En 2019, Ruag Holding avait essuyé un débours de 25 millions de francs.
Ruag International a vu ses ventes se contracter de 15% à 1,18 milliard de francs. La perte d'exploitation (Ebit) s'est inscrite à 224 millions de francs, contre un résultat négatif à hauteur de 80 millions en 2019.
Les entrées de commandes ont chuté de manière moins prononcée, soit de 5,2% à 1,21 milliard de francs, alors qu'à fin 2020, le carnet d'ordres s'établissait lui à 1,17 milliard, en baisse de 4,9%. Outre le tassement des revenus, l'amplification des pertes de Ruag International reflète des amortissements exceptionnels et des provisions à hauteur de 160 millions.
En arrière toute
Dans le détail, l'unité Ruag Aerostructures, qui produit notamment des pièces pour Airbus, a dû procéder à des correctifs de valeur et des provisions extraordinaires de 84 millions de francs en raison du chamboulement subi par le marché et d'un retour à la normale qui se révélera très lent. A ceux-ci est venue s'ajouter une perte comptable de 50 millions liée à la vente des activités aéronautiques de Ruag MRO International basées à Oberpfaffenhofen, en Bavière, à General Atomics Europe.
Ruag Space, l'unité active dans l'aérospatial, a pour sa part comptabilisé l'an dernier des provisions de 20 millions de francs au titre de sa restructuration et de 7 millions pour les fonds de pension en Allemagne et en Suède. Tout comme Ruag Aerostructure, la division a vu rouge au niveau de sa performance opérationnelle Ebit.
Au vu de cette évolution, Ruag International revoit ses plans et renonce à son ambition de se profiler comme un pur spécialiste de l'aérospatial. L'entreprise va désormais poursuivre le développement de tous ses secteurs d'activités, pour ensuite les privatiser.
'La pandémie a fondamentalement changé l'environnement économique international et a conduit à notre décision de ne plus construire un groupe aérospatial. Au lieu de cela, en consultation avec le propriétaire, nous avons décidé de développer chaque secteur d'activité individuellement pour en tirer le meilleur parti. La situation économique de départ reste extrêmement difficile', a indiqué André Wall, le directeur général de Ruag International, cité dans le communiqué.
Ruag Space doit à l'avenir se profiler au niveau des grands programmes spatiaux mondiaux. Pour Ruag Aerostructures, il s'agit de pouvoir évoluer dans une situation de marché totalement différente. L'unité MRO International, dont les 630 salariés sont actifs dans les systèmes de simulation et d'entraînement militaires, poursuivra ses désinvestissements.
Perte attendue en 2021
Quant à Ruag Ammotec, l'unité active dans les munitions de petit calibre, elle sera pour sa part vendue d'ici la fin de l'année. Conséquence de l'évolution défavorable de Ruag International l'an dernier, le conseil d'administration a décidé de renoncer au versement d'un dividende.
Pour l'exercice en cours, Ruag International anticipe un chiffre d'affaires net comparable à celui de 2020. Mais l'entreprise ne pourra s'extraire des chiffres rouges, la perte nette étant attendue à un montant de quelques millions à deux chiffres, pour autant que la situation sur le front du Covid-19 s'améliore au second semestre.
Ruag MRO, le groupe actif dans les prestations destinées à l'armée suisse, a pour sa part enregistré une évolution plus favorable de ses affaires. Pour son premier exercice en tant qu'entreprise indépendante, Ruag MRO a dégagé des revenus de 682 millions de francs et un Ebit de 30 millions.
/ATS