Bilan mitigé sur l'impact des e-trottinettes en libre-service

Des trottinettes électriques encombrant les trottoirs, impliquées dans des accidents ou jetées ...
Bilan mitigé sur l'impact des e-trottinettes en libre-service

Des trottinettes électriques encombrant les trottoirs, impliquées dans des accidents ou jetées à l'eau: Zurich tire un bilan mitigé de l'arrivée de plusieurs sociétés de location en libre-service au printemps dernier. Le bilan CO2 de ce système est en outre contesté.

En Suisse, seules les villes de Zurich, Bâle, Winterthour (ZH) et St-Gall ont donné, pour l'heure, leur feu vert à la location d'e-trottinettes proposées par des sociétés privées, par l'intermédiaire d'applications pour smartphone. Sur les bords de la Limmat, l'offre est la plus large avec un total de 2300 trottinettes électriques proposées par quatre opérateurs.

Corollaire, c'est à Zurich que leur densité pose le plus de problèmes de sécurité et d'ordre dans l'espace public. Une trentaine d'accidents impliquant des trottinettes électriques y ont été rencensés cette année, dont la quasi-totalité étaient causés par leurs utilisateurs. Au moins 28 d'entre eux ont été blessés, selon un premier bilan tiré début décembre par la ville.

Utilisateurs à éduquer

Autre souci, les usagers circulent parfois sur les trottoirs ou en duo sur la même trottinette, ce qui est interdit et dangereux. La police a infligé une septantaine d'amendes pour ce type de raison depuis le 1er août dernier, date d'entrée en vigueur de leur recensement.

La police municipale a diffusé entretemps deux vidéos de prévention. Des mesures particulières visant à faire respecter les règles de la circulation seront introduites à l'essai au printemps prochain.

Deal avec les opérateurs

Troisième impact négatif, de nombreux piétons se plaignent de la présence de trottinettes garées en pleins trottoirs. Aucun des quatre opérateurs ne dispose en effet d'une concession lui permettant d'installer un réseau de stations. Elles doivent en revanche payer une taxe leur permettant d'exercer leur activité et s'en tenir à un nombre maximum d'exemplaires de location.

Les opérateurs ne reçoivent d'autorisation que s'ils assurent notamment un service quotidien de ramassage des trottinettes encombrantes. L'octroi d'autorisations et le paiement de la taxe permet d'empêcher que les trottinettes envahissent totalement l'espace public et place les opérateurs face à leurs responsabilités, observe le département municipal de la sécurité.

En revanche, ces mesures n'empêchent pas les actes de mauvaise humeur ou de vandalisme de certains. Depuis l'arrivée des opérateurs au printemps, une cinquantaine de trottinettes électriques ont été repêchées dans le lac, la Limmat et la rivière Sihl. Le même phénomène avait été constaté en 2017 lorsque les vélos de location en libre-service sans station se sont multipliés à Zurich.

Pas d'invasion à Bâle

A Bâle, les autorités ont aussi défini des règles contraignantes pour les opérateurs. Elles tirent un bilan moins préoccupant que leurs homologues de Zurich. Le nombre de trottinettes mises en libre location dans la cité rhénane atteint toutefois moins du quart (600 unités) de la flotte zurichoise pour une population atteignant pourtant la moitié de celle de la plus grande ville de Suisse.

Au chapitre positif, le département des transports de Bâle-Ville rappelle que les trottinettes prennent bien moins de place dans l'espace public que les voitures. On peut en outre les utiliser sans avoir à en acheter. De plus, elles sont silencieuses et ne produisent pas de gaz d'échappement, rappelle la porte-parole Martina Hilker à Keystone-ATS.

Pas si écolos que ça?

L'enthousiasme vert pour la trottinette électrique n'est pourtant pas partagé par tous les spécialistes. Certains pointent du doigt les camionnettes servant à récupérer les trottinettes électriques our les recharger, les déplacer ou les entretenir, sans parler de la durée de vie limitée des engins.

Au final, le bilan des émissions de CO2 des trottinettes 'suisses' en libre service seraient ainsi indirectement moins favorable que celui des transports publics ou de l'achat d'une trottinette personnelle. C'est du moins le constat de Denis Bochatay, consultant de la société Quantis, conseillère en matière de bilans écologiques.

Pour les villes suisses, de petites taille à l'échelle internationale, il ne faut pas promouvoir les solutions électriques en libre service, mais plutôt développer les transports publics et soutenir l'achat personnel de vélos ou de trottinettes, estime-t-il. A moins que le réseau de transports publics ne soit saturé.

En Suisse romande, la location d'e-trottinettes n'est en tous cas pas d'actualité. Approchée par plusieurs opérateurs, la municipalité de Lausanne n'est pas entrée en matière et ce, pour des raisons de sécurité, d'occupation de l'espace public et de durabilité. A Genève, les autorités préfèrent mettre l'accent sur le vélo.

/ATS
 

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