Les économistes ont depuis longtemps établi que les humains, quand ils ont investi du temps ou de l'argent dans une cause, ont du mal à l'abandonner, bien que les dépenses soient irrécupérables. Il s'avère que les souris et les rats pourraient souffrir du même défaut.
C'est en tout cas la conclusion d'une expérience dont les résultats ont été publiés jeudi par la prestigieuse revue américaine Science. Des chercheurs de trois laboratoires de neuroscience et de psychologie de l'université du Minnesota ont réalisé une expérience coordonnée sur des souris, des rats et des humains, conçue pour être similaire.
'Les souris, les rats et les humains se comportent tous à peu près pareils', explique David Redish, professeur de neuroscience à l'université du Minnesota, et coauteur de l'étude.
Les rongeurs ont été entraînés à se nourrir dans un labyrinthe, comportant quatre 'restaurants', dans chaque coin. A chaque fois, ils arrivaient dans une 'zone d'offre', où un son les informait du temps d'attente pour obtenir une nourriture, des croquettes parfumées.
Si les rongeurs acceptaient l'offre, ils se déplaçaient alors sur une zone d'attente, où un compte à rebours sonore les informait du temps à attendre, aléatoirement entre une et 30 secondes. Ils avaient auparavant été dressés pour comprendre ces mécanismes.
Attendre jusqu'au bout
Pour les humains, une expérience similaire a eu lieu avec, à la place des croquettes, des vidéos sur Internet. Le temps d'attente avant de visionner une vidéo était représenté par une barre de téléchargement. Dans chaque cas, les cobayes pouvaient renoncer à attendre et passer à la salle (ou la vidéo) suivante.
Mais l'expérience a montré que les rongeurs, comme les humains, tendaient à attendre jusqu'au bout, une fois l'attente commencée. 'Plus ils attendaient, plus il était probable qu'ils continuent d'attendre', explique David Redish. Comme les gens qui font la queue: 'Plus on a passé de temps dans une file d'attente, plus on va attendre jusqu'au bout'.
Cette attente n'est pourtant pas gratuite, car la durée totale de l'expérience était limitée. Plus un rongeur attendait sa croquette préférée à la banane ou au chocolat dans une salle donnée, plus il réduisait la quantité totale de nourriture qu'il pourrait obtenir durant l'expérience.
'Le défi va désormais être d'observer le même phénomène dans d'autres espèces', a commenté la professeure de psychiatrie à l'université du Michigan Shelly Flagel sur cette étude dans le New York Times.
/ATS