Deux Chinois inculpés pour piratage aux Etats-Unis, Pékin proteste

Le département américain de la Justice a dévoilé jeudi l'acte d'accusation de deux ressortissants ...
Deux Chinois inculpés pour piratage aux Etats-Unis, Pékin proteste

Deux Chinois inculpés pour piratage aux Etats-Unis, Pékin proteste

Photo: KEYSTONE/NICK SOLAND

Le département américain de la Justice a dévoilé jeudi l'acte d'accusation de deux ressortissants chinois, soupçonnés d'avoir mené une vaste campagne de piratage au nom de la principale agence de renseignement de Pékin. Plusieurs pays seraient touchés dont la Suisse.

Le gouvernement chinois dénonce vendredi 'des accusations montées de toutes pièces'. 'La Chine a déjà remis une protestation solennelle aux Etats-Unis', a annoncé le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

La justice américaine a indiqué que ces 'pirates informatiques' sont notamment poursuivis pour 'association de malfaiteurs' en vue de commettre des intrusions et des fraudes informatiques. Les deux hommes feraient partie d'un groupe connu sous le nom de APT 10, qui opère depuis la Chine en coordination avec le ministère de la Sécurité publique.

De 2006 à 2018, ce groupe aurait mené 'une campagne mondiale d'intrusion dans des ordinateurs' pour voler des données confidentielles et des secrets industriels à des dizaines d'entreprises dans 12 pays, dont les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni ainsi que la Suisse.

D'après les autorités américaines et britanniques, ces intrusions entrent dans le cadre d'une campagne baptisée Cloudhopper. Celle-ci consistait à pénétrer les réseaux de sociétés spécialisées dans la gestion à distance des services informatiques - les Managed service provider (MSP) - et de s'en prendre à leurs clients.

Tricherie et vol

'Il s'agit tout simplement de tricherie et de vol, et ça donne à la Chine un avantage injuste aux dépens des entreprises et des pays qui respectent les règles internationales', a dénoncé le numéro deux du ministère, Rod Rosenstein, lors d'une conférence de presse.

'Il va être difficile pour la Chine de prétendre qu'elle n'est pas responsable' de ces attaques, maintenant que les Etats-Unis ont rendu public un acte d'accusation très précis et détaillé, a ajouté Rod Rosenstein.

Aucun pays ne représente 'une menace aussi lourde et sur un temps aussi long' que la Chine, a assuré de son côté le directeur du FBI Christopher Wray. La Chine veut, selon lui, 'remplacer les Etats-Unis comme première puissance mondiale'.

IBM et HPE touchées

Parmi leurs victimes figurent des entreprises des secteurs bancaire et financier, des télécommunications, de l'électronique grand public, de l'industrie pharmaceutique, des technologies de production et de prospection pétrolière et gazière. Mais aussi, la Marine américaine et la Nasa.

Les pirates à l'origine de l'opération, qui dure depuis plusieurs années, se sont par exemple introduits à de nombreuses reprises dans les réseaux d'HPE et d'IBM. Ils y ont été actifs parfois pendant des semaines, voire des mois, a-t-on précisé de source informée. IBM a ouvert une enquête cet été et HPE, début 2017.

Relations tendues

'Nous travaillons avec nos alliés qui ont été affectés par ces événements', a indiqué jeudi le ministre canadien de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Au Canada, 'aussitôt que les autorités se sont aperçues d'intrusions, nos agences ont pris toutes les mesures pour informer les victimes potentielles et leur fournir du soutien et des conseils pour leur protection et celle de leurs clients', a-t-il ajouté.

Londres et Washington ont par ailleurs accusé jeudi Pékin de violer les accords sur le cyberespionnage à des fins commerciales conclus en 2015. 'Cette campagne montre que des membres du gouvernement chinois ne respectent pas les engagements pris par la Chine envers le Royaume-Uni dans le cadre d'un accord bilatéral de 2015', déplore quant à lui le gouvernement britannique dans un communiqué.

Les relations diplomatiques et commerciales déjà tendues entre Washington et Pékin se sont encore détériorées récemment avec l'arrestation à la demande des Etats-Unis de Meng Wanzhou, directrice financier du géant chinois des télécommunications Huawei Technologies à Vancouver.

/ATS
 

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