Des experts en armes chimiques ont conclu que du gaz moutarde avait été utilisé lors de combats entre groupes rebelles en Syrie en août dernier. Cette information provient d'un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Le rapport encore confidentiel a été envoyé aux Etats membres de l'OIAC. Reuters a pu consulter le résumé de ce texte jeudi. Le gaz a été utilisé à Marea, une ville de la province d'Alep, le 21 août, ont précisé des sources au sein de l'OIAC. Elles soulignent qu'il s'agit de la première confirmation de l'utilisation de gaz moutarde dans le pays.
'Nous avons confirmé les faits, mais nous n'avons pas déterminé les responsables', a assuré une source. Des militants syriens et des ONG médicales avaient affirmé fin août qu'une attaque à l'arme chimique avait touché des dizaines de personnes dans cette ville.
Selon un rapport confidentiel daté du 29 octobre, 'au moins deux personnes' ont été exposées le 21 août au gaz moutarde dans la ville de Marea, au nord d'Alep. 'Il est très probable que cela a conduit au décès d'un bébé', ajoute le document.
'Un gaz jaune a rempli le salon'
L'organisation Médecins sans Frontières avait expliqué avoir soigné quatre civils d'une même famille. Selon les patients soignés dans un hôpital rattaché à MSF à Alep, un mortier avait touché leur maison et 'après l'explosion, un gaz jaune a empli leur salon'.
Selon des militants présents sur place au moment des faits, plus de 50 obus de mortiers avaient été lancés ce jour-là sur la ville par le groupe Etat islamique. Les accusations de recours aux armes chimiques par le groupe EI se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie.
Les conclusions du rapport de l'OIAC seront présentées ce mois-ci au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Une réunion spéciale du conseil exécutif de l'OIAC a été convoquée pour le 23 novembre à La Haye.
Destruction incomplète?
On ignore d'où provenait ce gaz. Soit des rebelles l'ont récupéré dans un ancien dépôt de l'armée syrienne, soit ils sont en mesure d'en produire, indique-t-on de source proche des enquêteurs de l'OIAC.
L'organisme international a supervisé en 2013 et 2014 la destruction de l'arsenal chimique syrien, après une attaque au gaz sarin qui avait fait des centaines de morts dans la banlieue de Damas en août 2013. Plusieurs pays occidentaux doutent cependant que le gouvernement de Bachar al Assad ait remis aux inspecteurs internationaux la totalité de ses stocks.
Le gaz moutarde est un gaz asphyxiant utilisé pour la première fois par les Allemands en Belgique en 1917. Il a été banni par l'ONU en 1993.
/ATS