Les autorités françaises ont ouvert la voie jeudi à l'allongement de la durée de vie des plus vieux réacteurs jusqu'à 50 ans, enjoignant EDF de réaliser des travaux pour améliorer leur sûreté. C'est notamment le cas de la centrale du Bugey (Ain), près de Genève.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié une décision, qui était attendue, portant sur les 32 réacteurs de 900 MW, les plus anciens du parc français, mis en service pour l'essentiel dans les années 1980. Elle a fixé les conditions pour qu'ils puissent fonctionner au-delà de leur quatrième 'réexamen périodique', qui a lieu tous les dix ans, donc au-delà de leur 40e anniversaire.
Le gendarme du nucléaire prescrit notamment 'la réalisation des améliorations majeures de la sûreté prévues par EDF (Electricité de France, ndlr), ainsi que des dispositions supplémentaires qu'elle considère comme nécessaires', précise-t-elle. EDF devra ainsi réaliser une série de tests et de travaux pour améliorer la sûreté de ses réacteurs.
Réduire les risques
'Un premier objectif est de réduire les conséquences des accidents et notamment des accidents graves, avec une fusion du coeur du réacteur', a expliqué à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN. Des améliorations sont notamment prévues pour que la radioactivité reste confinée à l'intérieur de l'enceinte en cas d'accident.
'Le deuxième grand volet porte sur le renforcement (face) aux agressions qui peuvent survenir sur ces installations', a-t-il poursuivi. Sont visées les agressions externes (séisme, inondation, chaleur extrême...) et internes (incendie...). Enfin, un dernier volet porte sur 'le renforcement au niveau de la piscine d'entreposage des combustibles usés', a indiqué Julien Collet.
Les réacteurs français avaient été autorisés à l'origine sans limitation de durée de fonctionnement, mais EDF avait initialement envisagé une durée de vie de 40 ans. Certains réacteurs, mis en service au tournant des années 1980, ont dans les faits déjà passé le cap des 40 ans.
La décision annoncée jeudi concerne l'ensemble des réacteurs de 900 MW, qui feront aussi l'objet de préconisations individuelles. La mise en oeuvre des améliorations prévues va maintenant s'étaler sur des années.
'Points de faiblesse'
Les opposants au nucléaire réclament pour leur part depuis longtemps une fermeture des centrales anciennes, comme cela avait été décidé pour la centrale de Fessenheim (Alsace), la doyenne arrêtée l'an dernier.
'Les centrales nucléaires françaises en activité ont été conçues pour fonctionner entre 30 et 40 ans. Au-delà, les réacteurs nucléaires entrent dans une phase de vieillissement inconnue', estime Greenpeace. L'ONG demande de 'préparer les prochaines fermetures'.
Le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, a reconnu dans un entretien à Ouest France 'des points de faiblesse sur l'état des matériels importants pour la sûreté' mais aussi des 'améliorations'.
La centrale nucléaire du Bugey est implantée sur la commune de Saint-Vulbas dans le département de l’Ain, à 60 kilomètres à vol d’oiseau de Genève. Elle est dotée de quatre réacteurs de 900 MW chacun, mises en service en 1978 et 1979. Un premier réacteur, mis en service en 1972, avait été arrêté en 1994.
/ATS