Les 21 plus grands groupes pharmaceutiques du monde affichent une croissance trop lente, estime EY. Selon une étude du cabinet de conseil et d'audit comptable, les multinationales de la branche ne parviennent pas à aligner leurs revenus sur l'évolution du marché.
L'an dernier, les chiffres d'affaires et les dépenses en matière de recherche des 21 plus grands groupes pharmaceutiques passés sous revue, dont les bâlois Roche et Novartis, ont vu leur progression ralentir, indique lundi EY. Les revenus cumulés ont crû de 3,1% au regard de 2015 à 445,4 milliards d'euros (482,8 milliards de francs).
En 2015, les ventes avaient progressé de 4,6%. Le ralentissement de la croissance se révèle plus marqué en matière de dépenses de recherche et développement, celles-ci ayant augmenté en 2016 de 3,9% à 80,7 milliards d'euros, contre une expansion de 8,6% durant l'exercice précédent.
Dans ce domaine, les Rhénans Roche et Novartis se classent aux premiers rangs en chiffres absolus, ces derniers ayant respectivement investi 7,88 et 6,43 milliards d'euros. De manière générale, les dépenses consenties dans la recherche ces dernières années se sont traduites par une hausse à deux chiffres du portefeuille de produits.
Plus de recherche
EY recense pas moins de 4606 substances qui se trouvent actuellement en phase de développement clinique ou d'homologation ou qui ont été commercialisées. Au regard de 2015, leur nombre a bondi de 12% l'an passé. Le nombre de produits prêts à être mis sur le marché s'est envolé d'un quart à 120.
Sensible, l'augmentation est cependant insuffisante aux yeux des experts d'EY, lesquels observent un problème de croissance pour l'industrie pharmaceutique. Malgré un nombre élevé de nouvelles substances, les importants investissements consentis ne se révèlent pas suffisamment payants.
Le marché pharmaceutique est fortement réglementé et les entreprises n'ont guère de liberté en matière de fixation des prix, ajoute EY. Bon nombre de médicaments ne sont pas remboursés par les assurances et de nombreuses entreprises ne peuvent en obtenir les prix élevés qu'elles espèrent.
A moyen terme, l'industrie devra investir dans de nouveaux modèles de rémunération, anticipe le cabinet de conseils. Il s'agira aussi de collaborer plus étroitement avec les assureurs maladie et les fournisseurs de prestations.
Situation hétérogène
Cependant, la situation n'est pas homogène au sein de la branche. L'an dernier, seules six des 21 firmes analysées, dont Novartis, ont subi un tassement de leurs revenus.
En termes de chiffres d'affaires, l'américain Pfizer conserve la tête du classement avec des revenus de 44,66 milliards d'euros, devant la bâlois Roche (36,65 milliards d'euros) et un autre géant d'outre-Atlantique, Merck & Co (31,7 milliards d'euros). Novartis (29,4 miliards d'euros) pointe au 5e rang, derrière Johnson & Johnson et devant le français Sanofi.
En matière de rentabilité, la croissance s'est en revanche accélérée l'an dernier. Le résultat d'exploitation avant intérêts et impôts cumulé (EBIT) s'est étoffé de 6,3% à 156,7 milliards d'euros, après un gain de 6,1% en 2015. La marge afférente s'est elle hissée à 27%, contre 26,3% en 2015.
Johnson & Johnson, qui vient de s'offrir la bâlois Actelion, s'est révélé l'an dernier le laboratoire le plus rentable, son EBIT atteignant 19,2 milliards d'euros, devant le spécialiste américain des biotechnologies Gilead Sciences (16,33 milliards) et Roche (14,95 milliards). Novartis (8,3 milliards d'euros) se classe au 9e rang.
Grosses marges pour les biotechs
Les sociétés de biotechnologies Gilead Sciences et Biogen ont quant à elles dégagé les plus grosses marges, celles-ci dépassant 50%, devant la danoise Novo Nordisk. Roche pointe en 6e position et Novartis en 14e.
Dans le domaine de la recherche, les géants de l'industrie pharmaceutique continuent de miser sur le principal vecteur de chiffre d'affaires, les traitements contre le cancer. Plus du tiers (39%) des substances en développement sont des agents anticancéreux. Elles sont suivies par les médicaments contre les infections et ceux destinés au système nerveux central.
Pour les 21 sociétés considérées, les traitements oncologiques représentent près de 29% des revenus. Dans ce segment, les ventes ont encore augmenté de 10% en 2016 à 127,9 milliards d'euros. Alors que le potentiel dans ce secteur est loin d'être épuisé, de plus en plus d'entreprises y sont actives.
Un contexte synonyme de pression accrue pour les deux géants rhénans, leaders dans le domaine de l'oncologie. Roche, numéro un mondial de cette activité, encaisse plus de 30% de l'ensemble des revenus générés par cette activité, la part de son voisin Novartis se fixant elle à près de 12%.
/ATS